En 1980, comme beaucoup d’adolescents pubères, je me faisais des films noirs et gris, noyé dans la New Wave anglaise de Joy Division, Bauhaus ou les prémisses de The Cure. Bien évidemment, je regardais d’un d’œil méprisant à la télé, cette rousse qui chantait un truc vaguement exotique dans une langue que je croyais être de l’italien. Il faut dire qu’à l’époque, l’heure de la chanson romantique d’un Humberto Tozzi, était à son apogée.
Sans doute me serais-je jeté par la fenêtre de mon rez-de-chaussée si on m’avait dit que dix ans plus tard, j’allais devenir un fan absolu de cette chanteuse exubérante, Rita Lee -en fait une brésilienne qui chantait en portugais- qui cette année-là, avait conquis le monde avec ‘Lança perfume’ (‘Lance parfum’), un tube irrésistible.
Comme ‘The Girl from Ipanema’ d’Antônio Carlos Jobim, ce titre intelligemment commercial, était l’arbre qui cachait la grande carrière d’une artiste que l’on omet parfois de placer aux côtés d’autres icônes, sous prétexte qu’on la range sous l’étiquette du pop et du rock. Ce serait ignorer son importance et son influence dans la MPB moderne, et surtout oublier que notre artiste a toujours mélangé les genres comme en attestait le titre de son bel album « Bossa’n’roll » (1991) ou ce fameux ‘Lança Perfume » (1980), un ‘rockarnaval’, comme le définissait la chanteuse elle-même.
Nombreux furent ceux qui interprétèrent ses compositions, de Caetano Veloso à Elis Regina, en passant par Maria Bethania, Gilberto Gil, Marisa Monte, Zélia Duncan, Cassia Eller ou même Joao Gilberto. À l’étranger aussi, on a pu compter sur des versions de Gloria Estefan ou d’Henri Salvador (vous savez, le gars qui a inventé la Bossa.. ! Pas de panique, c’est pour rire.. !).
La vie de Rita est digne des grandes stars du rock, faîte de sexe, parfois de drogue, et souvent de rock’n’roll.
Rita Lee Jones, née en 1947, de descendance américaine et italienne, fut révélée au sein d’un groupe désormais culte dans le monte entier : Os Mutantes (les Mutants). Formé par les frères Arnaldo et Sergio Dias Baptista, ce groupe de Sao Paulo, fut probablement le plus significatif des intégrants du Tropicalisme, ce fameux mouvement qui, en 1967, lança les carrières de Caetano Veloso, Gilberto Gil, Tom Zé ou Gal Costa.
Sans doute me serais-je jeté par la fenêtre de mon rez-de-chaussée si on m’avait dit que dix ans plus tard, j’allais devenir un fan absolu de cette chanteuse exubérante, Rita Lee -en fait une brésilienne qui chantait en portugais- qui cette année-là, avait conquis le monde avec ‘Lança perfume’ (‘Lance parfum’), un tube irrésistible.
Comme ‘The Girl from Ipanema’ d’Antônio Carlos Jobim, ce titre intelligemment commercial, était l’arbre qui cachait la grande carrière d’une artiste que l’on omet parfois de placer aux côtés d’autres icônes, sous prétexte qu’on la range sous l’étiquette du pop et du rock. Ce serait ignorer son importance et son influence dans la MPB moderne, et surtout oublier que notre artiste a toujours mélangé les genres comme en attestait le titre de son bel album « Bossa’n’roll » (1991) ou ce fameux ‘Lança Perfume » (1980), un ‘rockarnaval’, comme le définissait la chanteuse elle-même.
Nombreux furent ceux qui interprétèrent ses compositions, de Caetano Veloso à Elis Regina, en passant par Maria Bethania, Gilberto Gil, Marisa Monte, Zélia Duncan, Cassia Eller ou même Joao Gilberto. À l’étranger aussi, on a pu compter sur des versions de Gloria Estefan ou d’Henri Salvador (vous savez, le gars qui a inventé la Bossa.. ! Pas de panique, c’est pour rire.. !).
La vie de Rita est digne des grandes stars du rock, faîte de sexe, parfois de drogue, et souvent de rock’n’roll.
Rita Lee Jones, née en 1947, de descendance américaine et italienne, fut révélée au sein d’un groupe désormais culte dans le monte entier : Os Mutantes (les Mutants). Formé par les frères Arnaldo et Sergio Dias Baptista, ce groupe de Sao Paulo, fut probablement le plus significatif des intégrants du Tropicalisme, ce fameux mouvement qui, en 1967, lança les carrières de Caetano Veloso, Gilberto Gil, Tom Zé ou Gal Costa.
Sans doute Os Mutantes représentait le mieux la synthèse musicale du mouvement : une symbiose du psychédélisme ambiant, de rock aux paroles surréalistes, d’influences des musiques du Nordeste brésilien, de la Bossa ou de la Samba. Sergio, Arnaldo et Rita trituraient les bandes d’enregistrements et inventaient des sons à la manière des Beatles sur « Sgt. Pepper’s… ». Cette salade mixte musicale qui, présentée ainsi, pourrait paraître indigeste, allait pourtant se révéler unique sur la scène rock mondiale. Les trois albums que ce trio enregistra sont encore et toujours des références pour les groupes alternatifs de New York ou de Londres. Rien que pour ce fait, Rita Lee mériterait déjà une place au Panthéon de la MPB. Mais ce n’était pourtant que le début.
En 1970, la chanteuse entame en parallèle une carrière solo avec un premier disque excellent, « Build up », qui la radicalise un peu plus vers un rock pur à la Stones, tandis que les frères Arnaldo et Sergio tendent vers un rock progressif en symbiose avec ce qui ce fait en Angleterre. La suite se devine sans peine : en 1972, la grande rousse se fait virer du groupe, et allait devenir ni plus ni moins que celle qui lancera le rock au Brésil. Et avec une autre légende, Raul Seixas, elle sera pour ainsi dire la seule à œuvrer dans ce domaine pendant dix ans, ouvrant la voie à de nombreux groupes rocks qui allaient éclore dans les années 80.
De 1974 à 1978, elle forme le groupe Tutti Frutti qui allait imposer sa douce folie et son éternelle irrévérence sur la scène brésilienne. Sa voix sensuelle et pleine de malice s’adaptera tant aux mélodies aux parfums décadents (Menino Bonito’ –‘Joli petit enfant’) qu’aux rocks les plus redoutables (‘Agora so falta vocé- ‘Maintenant il ne manque plus que toi’). Avec Tutti Fruti, Rita sortira quatre albums saignants dont le splendide « Fruto prohibido » (‘Fruit du péché’) en 1975, considéré encore comme l’album clef du rock brésilien.
Parfois elle travaille avec Paulo Coelho qui, on ne le sait pas toujours, joua un rôle important en tant que parolier durant ces années de dictature. Avec lui, Rita Lee signera entre autres le tube « Esse tal de roque enrau ».
En 1976, elle rencontre celui qui sera son actuel compagnon, le compositeur guitariste Roberto de Carvalho, avec qui elle négocie un nouveau tournant dans sa carrière, plus pop, qui la propulsera au rang de super star. À deux, ils lanceront en trois ans quatre albums qui feront date : « Mania de vocé » (1979), « Lança Perfume » (1980), « Saude » (1981), et « Flagra » (1982), qui se doivent de figurer dans toute bonne discothèque de base consacrée à la MPB. Le plus significatif, « Lança Perfume », placera huit de ses neuf titres au sommet des charts du pays. C’est l’époque de petit bijoux irrésistibles comme ‘Doce Vampiro’, ‘Caso serio’, ‘Mania de vocé’ , ‘Baila comigo’, ‘Nem luxo, nem lixo ‘, parmi bien d’autres.
Mais à partir de 1983, l’inspiration du duo commence à s’essouffler et le couple gère difficilement l’énorme succès. Rita connaît les affres de la drogue, et les cinq albums qui suivront jusqu’en 1990, ne se montreront guère inspirés.
Assez paradoxalement, c’est dans les années 80 que la scène rock se développe au Brésil.
Rita Lee et Roberto de Carvalho se séparent en 1990, et la native de Sao Paulo dont elle représente ‘la plus complète incarnation’ (ainsi la qualifiera Caetano Veloso en 1978 dans sa chanson ‘Sampa’) prend sa guitare pour reconquérir son public. C’est le show « Bossa’n’roll » (1991), un concept acoustique qui revisite ses meilleurs titres et adapte des classiques des Beatles de Police ou des Rolling Stones. La tournée s’avère triomphale et l’album live qui en découle remet sa carrière en selle.
Musicalement, les années nonante seront à nouveau plus rock, marquées par de bons albums même si le public boude un peu, s’attendant des titres plus radiophoniques. 1996 annonce le retour au bercail de Roberto de Carvalho, et même le mariage du couple. Cette même année, Rita Lee reçoit le prestigieux ‘Premio Shell’, prix honorifique annuel attribué à une personnalité ayant marqué de son empreinte l’histoire de la MPB. Elle est la première femme à obtenir cette récompense, souvent attribuée d’ailleurs à titre posthume (pour information, c’est Maria Bethania qui vient de le recevoir pour 2008). Surfant toujours sur ses nombreux anciens tubes, son premier dvd, « MTV acustico », sort en 1998 et s’avère à nouveau un gros succès de vente. Devant un parterre de fans, Rita invite à ses côtés des stars de la MPB comme Milton Nascimento, mais aussi d’autres acteurs de la scène pop et rock qui lui doivent beaucoup : Zélia Duncan, Cassia Eller, le groupe Titas et Paula Toller. C’est aussi la première fois que le public découvre Beto Lee, son fils, qui par un jeu de guitare affûté apportera une touche encore plus rock à l’avenir.
En 2003, les fans seront enfin payés pour leur patience. L’album « Balacobaco », met tout le monde d’accord et revient vert un monde plus poppy et coloré. On revient vers les ambiances festives et carnavalesques. Le titre « Amor e sexo » sera un hit national et une des chansons les plus jouées en radio cette année-là. La tournée qui suivra sera encensée et donnera lieu à un nouveau dvd « Rita Lee, MTV ao vivo », bien électrique celui-là. Entre deux titres sucrés, la prêtresse rousse (devenue orange !) n’hésite pas à balancer un bon vieux Ramones ébouriffant. Roberto, le père, Beto, le fils, et Rita, tout les trois, guitare à la main au-devant de la scène, restera une belle image forte associée à cette tournée mémorable.
Depuis lors, même si la réédition de ses albums se fait attendre, d’autre dvd’s lui rendent hommage comme en 2006, le beau coffret de trois dvd’s, « Biografitti », un survol approfondi de ses 40 années de carrière. Seul Tom jobim, Elis Regina, ou Chico Buarque (12 dvd’s !) eurent droit à ce même honneur.
Après trois années dédiées à sa famille, et principalement à ses petits-enfants (elle-même a deux garçons et une fille), Rita nous est revenue fin 2007 pour une nouvelle tournée intitulée « Pic nic », qui traversa tout le Brésil. Pour les quelques dates qu’elle concède à l’Europe -seulement au Portugal, hélas- ce show, rebaptisé « Para dançar até o fim da festa » (‘pour danser jusqu’au bout de la fête’) devrait nous montrer en plus des hits attendus, les nouveaux titres qui devraient constituer son prochain album à venir. J’aurai la chance de me rendre à Lisbonne le 1er juillet pour l’unique concert dans la capitale portugaise, pour bien sûr vous rendre compte de l’événement de celle qui a 61 ans, n’a rien perdu de son mordant. Assister à un concert de Rita Lee, c’est aussi avoir droit à divers commentaires sur la politique mondiale ou du Brésil, comme quand en 1990, lors d’un concert à L’Ancienne Belgique de Bruxelles, quand la chanteuse fustigeait le président Collor qui allait être destitué peu après…
Ps : comme souvent avec les artistes au Brésil, les textes de Rita Lee ont également contribué à asseoir sa notoriété. Sa personnalité aussi d’ailleurs… Dans le post que je dédierai au concert de Lisbonne, qui sera en portugais, j’essaierai de consacrer quelques lignes en français sur les caractéristiques de sa prose, faite d’humour, d’ironie… et de néologismes. Il existe bien une langue ‘Rita Lee’, vous le constaterez…
Mania de Vôce (You Tube)
Obrigado Não(You Tube)
13 commentaires:
Rita Lee é a roqueira mais guerreira do Brasil. Poderia nem ter sobrevivido a si mesma, como aconteceu com a Cássia Eller. Mas ela sempre teve / tem alguma coisa que a amntém viva: rebeldia e liderança. Me lembro dos primórdios d´Os Mutantes, com ela fantasiada de noiva grávida, cantando "Mande um abraço pra velha", num Festival Nacional da Canção, em plena ditadura. Essa nunca vai se aposentar; vai usar esse cabelo vermelho até... sempre!
Adorei essa biografia musical, Daniel! Difícil resumir Rita Lee num post, mas você conseguiu; parabéns!!! Bjs.
Hello cher collègue:-)
Très instructif ce mini dossier sur le parcours de Rita Lee!! C'est vrai que les paroles de Rita peuvent parfois être très provocantes et la traduction vers le français enlèvera sûrement un peu de son charme à celle-ci...il y a des mots qui ne peuvent se traduire, tu sais ceux qui se sentent et se comprennent et qui sont propres à un contexte culturel particulier...Enfin voilà, j'ai trouvé la traduction de la chanson "Amor e Sexo", je la publie pour que ceux qui ne comprennent pas les paroles puissent se faire une idée de la chanteuse ( Ce tube quoi qu'un gros succès n'est peut-être pas representatif de son oeuvre non?)
Amour Et Sexe
L'amour c'est un livre - Le sexe c'est du sport
Le sexe c'est un choix - L'amour c'est une chance
L'amour c'est la pensée, un théorème
L'amour c'est un feuilleton - Le sexe c'est du cinéma
Le sexe c'est de l'imagination, de la fantaisie
L'amour c'est de la prose - Le sexe c'est de la poésie
L'amour nous rend pathétique
Le sexe c'est une bande d'épileptiques(1)
L'amour est chrétien - Le sexe est païen
L'amour c'est une villa - L'amour c'est l'invasion
L'amour est divin - Le sexe est animal
L'amour c'est de la bossa nova(2) - Le sexe c'est le carnaval
L'amour c'est pour toujours - Le sexe aussi
Le sexe c'est du bon - L'amour c'est du bien
L'amour sans sexe c'est de l'amitié
Le sexe sans amour c'est de la générosité
L'amour c'est un - Le sexe c'est deux
Le sexe avant - L'amour après
Le sexe vient des autres et s'en va
L'amour vient de nous et met du temps à venir
L'amour est chrétien - Le sexe est païen
L'amour c'est une villa - L'amour c'est l'invasion
L'amour est divin - Le sexe est animal
L'amour c'est de la bossa nova - Le sexe c'est le carnaval
L'amour c'est ça - Le sexe c'est ci
C'est ça et ça, c'est et quelque chose encore
Ahh l'amour
Huuum le sexe
Ahhh. .
Je me souviens du concert de Rita Lee lors d'un Viva Brasil, autour de 1992, dans un petit théatre Bruxellois (Théatre 140?), elle avait emballée le public Belge!!! Félicitation pour cet article de grande qualité digne d'un Gilles Verlan de la culture brésilienne!
Muito obrigado Olga! Nao foi facil resumir nao. Alias tive que cortar metade do texto inicial! Servira para um futuro livro sobre a MPB que gostaria de realisar, vamos rezar...
Quase coloquei essa foto da Rita vestida de noiva! Farei uma resenha do show do 1 de julho em Lisboa. Vocé tera a o texto em primeira mao (<:, beijos...
Bonjour chère Claudia!"Amor e Sexo" est très représentatif de la pop festive de Rita Lee qui a conquis le grand public. De l'autre côté, il y a la Rita Lee plus rock que tu as pu voir sur le clip "Obrigado nao". Assez ravageur non? Chouette pour le texte, et si dorénavant tu veux faire des traductions, cela serait utile pour les lecteurs francophones et pour pour ton propre portugais. Merci d'avance (<: Beijos querida...
Cher Laurent, merci pour la comparaison avec Gille Verlant, qui avec Philippe Manoeuvre dans le journal Rock et Folk, m'ont donné l'envie d'écrire sur la musique.
Ce concert que tu évoques est celui dont je parle à la fin du texte: vers 1992, en effet, mais à l'Ancienne Belgique...en espérant d'autres commentaire de ta part ainsi que des brésiliens qui vivraient autour de toi (<: abraçao...
Daniel, "Sampa" a été lancée en 1978 (dans l'album "Muito"), pas en 1974, ne c'est pas?
Absolument, Marcio, merci de me corriger, c'est bien sur "Muito" de 78, je vais directement corriger. N'hésites jamais à me dire si je commet une erreur, valeu, abraço...
Ça va? Je suis brèsilienne, j'ai du blog sur Rita Lee, l'amour de ma vie depuis 1975...
http://normalima.blog.terra.com.br
Je suis Prèsident du Fan Club Rita Lee/Fruto Proibido:
www.fcfrutoproibido.mus.br
Merci
Oi Norma, que bom que visitou este site! Daqui umas horas vou ver a Rita em Lisboa para o show Pic Nic. Na verdade minha época preferida da Rita sao os discos de 1970 até 1977, com Tutti Frutti. A mais rock. Nao tinha igual na época, beijo,
Vou visitar seu blog, sim! Obrigado.
Oi Daniel, quem me dera ir ao show, estou no Brasil. N�s, os f�s cariocas da Rita, iremos assistir ao Pr�mio Multishow hoje, no qual ela concorre como melhor show com Pic Nic.
Obrigada por vir aqui no meu blog, vou olhar o seu, para ver o que contas do show de hoje. E coloque fotos!
Isabel Valente ficou de contar pra gente aqui tamb�m, merci beaucoup.
Escrevi em franc�s no seu blog pra desenferrujar o meu, beijos.
Ola Norma, o show da Rita foi visualmente sensacional, poderia ganhar o premio sim! Vamos torcer! Me diga o resultado! Vou te decepcionar pois nao pude tirar boas fotos. So vou poder fazer uma resanha, com fotos alheias, se tiver um(a) fa que foi em Lisboa, seria legal. Até breve...!!
ENFIN cela fait bientôt 30 ans que je cherchais l'interprète de cette chanson, j'avais 12 ans à l'époque...depuis, j'écoute en boucle les albums de rita lee...quel bonheur!!! Merci pour le dossier sur cette artiste hors du commun et qui ne rentre pas dans le commercial à tout prix...MERCI
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