lundi 26 janvier 2009

La station MPB Fm : « ninguem resiste á música brasileira... ! »

Ney Matogrosso: point d'orgue de la soirée des 8 années de MPB Fm,
le 26 novembre 2008
(photo Daniel A.)

On le sait: l'excès nuit en toute chose...
Cela faisait dix jours que je n'arrivais plus à écouter une minute de musique brésilienne. Vous le croyez ça.. ?
Avec un programme musical (auquel je m'astreins avec un plaisir masochiste) d’écoute de plusieurs disques par jour + dvd’s musicaux + lectures de la presse spécialisée + plusieurs articles écrits en une semaine...l’overdose était atteinte, et plus aucune production ne trouvait grâce à mes yeux…Tout était mauvais !...
Heureusement, ma "convalescence " s'est faite hier au travers des grands classiques que je finissais par négliger dans ma quête continuelle de nouveautés qui pourraient m’échapper. J'ai donc réécouté avec un énôôôrme plaisir Milton Nascimento, Caetano et Luiz Melodia et Paulinho da Viola, et cela m’a fait un bien fou!!
Quand je pense que mon grand et estimé collègue Mauro Ferreira de Notas musicais (en lien ici) publie quatre posts par jour, 365 jours par an. Ce garçon ne tombe-il donc jamais malade ? C’en est presque effrayant !
Pour parler des grands classiques donc, je me suis souvenu de mes premiers pas vers la meilleure musique du monde…(Ce qui ne veut rien dire puisque la musique brésilienne n’est pas un style en soit, vous l’aurez compris, comme ne l’est pas davantage la musique française ou la musique anglo-saxonne. La MPB n’est en vérité que la somme de toutes les musiques qui se produisent au Brésil, c’est aussi simple que cela…)
Je disais donc…Tandis qu’au début des années 80, j’étais absorbé par la new wave anglaise, la cold wave, et même la soul et le funk américain, je snobais les quelques disques brésiliens qui s’écoutaient en famille. Parmi eux, les fameux albums « Vinicius & Toquinho en la Fusa » (1970/ 1971), qui réunissaient des classiques d’Antonio Carlos Jobim, Carlos Lyra, Baden Powell, Toquinho, et quelques autres. Il aura fallu mon premier voyage au Brésil en 1989 –fruit du hasard- pour que ces deux vinyles (à l’époque), bien griffés, se révèlent comme mes tables de la loi ! Premiers pas donc, la Bossa nova, comme pour beaucoup d’amateurs de musique brésilienne…

"Brazil classics vol.1" compilation dirigée par David Byrne.

Mon passage à ce qu’on appelle la MPB traditionnelle, je le dois à un album, et à un seul : « Brazil Classics vol.1 » -1990- (il y en aura trois) produit par David Byrne, à l’époque leader du génial groupe new yorkais, Talking Heads.
Byrne confessait sa vraie passion pour les musiques du Brésil dans cet album où je découvrais pour la première fois les grands piliers de la MPB comme Caetano Veloso, Milton Nascimento, Gilberto Gil, Chico Buarque, Maria Bethânia, Gal Costa, et quelque autres…Un véritable choc ! Et après y avoir mis la main, tout le bras y est passé !

À l’époque on trouvait l’excellente série de compilations, par artiste, qui portait le nom générique de « Personalidade » (Polygram). Elle était dirigée artistiquement par le plus branché des bossa novistas, Roberto Menescal, et se trouvait assez facilement chez nous.
À Bruxelles, nous avions -et avons toujours- la chance de disposer de la grande Médiathèque de la communauté française du passage 44, qui nous permettait de forger à moindre coût nos préférences musicales.
Qu’on le sache, un voyage à Rio de Janeiro à cette époque –puisque ce fut ma première destination au Brésil- pouvait s'avérer une véritable désillusion musicale.
Mais en 1989, la situation était un peu particulière…Pas de samba sur la plage (on était au mois de juin, début de l’hiver carioca), et pas de bossa nova à chaque coin de rue ou dans les bars…La dictature avait rendu son dernier souffle officiellement en 1984, ouvrant la voie de la liberté musicale vers un style jusque-là embryon, le rock.
De manière très malhabile encore, des centaines d’artistes apparaissaient sur le marché, influencés par les modes anglaises d’alors : le punk, la new wave et surtout le ska. C’est l’époque des groupes que j’ai cités dans le post sur Paula Toller (en date du 10 janvier).
Toujours en 1989, coup de grâce pour moi : l’apparition de MTV Brasil ! Une pâle copie du MTV que nous recevions en Europe, et qui faisait peu de place aux productions brésiliennes. Bref, musicalement, le dépaysement était quasiment nul !
Du côté des grosses stations de radio, même constat. Le quota était de deux pour un. Deux titres anglophones pour un titre en portugais. Et c’était d’ailleurs l’ordre établi : un Phil Collins, un Gun’s and Roses, un Caetano Veloso…un Sting, un Michael Jackson, une Elis Regina, etcetera…Heureusement, après un certain temps, je découvris la station JB do Brasil –rien avoir avec le JB FM actuel- qui se dédiait exclusivement aux artistes brésiliens. Par la suite, les années 90 que je vécus pleinement, remettront les pendules à l’heure, en s’avérant ce que de nombreux artistes s’accordent à définir comme la décennie la plus "brasiliannisée " musicalement. Mais ceci est un autre chapitre passionnant à décortiquer ultérieurement (et déjà visités dans les deux posts du 30 avril 2008).

8 Ans de MPB Fm: la directrice Ariana Carvalho est entourée de Silvia Machete
et Fernando Mansur (Photo DanielA.)


En novembre dernier, une autre station mettant en exergue la musique brésilienne fêtait ses huit années d’existence : la fameuse MPB FM (en lien ici). De la MPB et rien d’autre que de la MPB ! Ce média de Rio est devenu incontournable. La programmation de cette radio évite les styles dit « de masse » tel que la musique sertaneja, ou les groupes de pagode ou de samba-reggae bon marchés, pour divulguer une musique populaire de bon ton. D’un autre côté, si on cherche à être pointilleux, on reprochera que la radio ne s’aventure guère sur le terrain des groupes ou artistes du circuit un peu plus alternatif. Pour cela, il faudra nous tourner vers les radios universitaires. Mais ne faisons la fine bouche. MPB FM, propose des programmes qui sont devenus des classiques du genre comme Expresso MPB, musique en continu le matin ; Sintonia fina présenté par le célèbre journaliste Nelson Motta qui nous présente les nouveautés branchées ; Samba Social Clube tourné vers la samba de qualité et de tradition ; des émissions dirigées exclusivement vers la Bossa nova, souvent le dimanche en matinée ; ou encore le programme Palco MPB, qui lance sur antenne un live enregistré deux jours auparavant au Teatro Rival de Rio de Janeiro.

En ouverture de la soirée du 26 novembre: Doces Cariocas
(photo Daniel A.)


Palco MPB en est à plus de 400 éditions, et a vu défilé, toutes les stars que vous pouvez imaginer, ainsi que certaines ‘promesses’, possédant malgré tout un certain potentiel commercial. La station s’investit également dans la production de nombreux shows et événements musicaux, comme anciennement les projets Novo Canto, qui réunissaient artistes confirmés et talents en devenir, ou plus récemment, Verão do Morro, qui dans un même concept, réunissait des artistes sur la scène qui se situe sur les hauteurs du Pain de Sucre. Ajoutons à cela la participation aux productions de divers dvd’s, et depuis décembre une revue bimensuelle lancée à l’occasion des huit années d’existence de la station.

A défaut d'une bonne qualité du son en ce 26 novembre,
l'énergie décoiffante de Seu Jorge!
(Photo DanielA.)


En ce jour du 26 novembre 2008, la station de radio MPB FM, emmenée par sa dynamique directrice, Ariana Carvalho, et de l'animateur vedette, Fernando Mansur, avait mis les petits plats dans les grands, en organisant dans la grande salle Vivo Rio, une affiche de grande classe…Ou presque.
En première partie, la présentation du groupe Doces Cariocas, emmené par le couple Pierre Aderne et Alexia Bontempo, se voulait le symbole bien pâle de la nouvelle génération de Rio. Une musique mièvre et certainement pas destinée aux salles d’une capacité de 5.000 personnes. A décharge du groupe, une sonorité exécrable qui le restera durant toute la soirée.
Les compositions plus subtiles et la prestation plus convaincante de Silvia Machete -la sensation 2008 de Rio- furent gâchées pour la même raison…
Première grosse pointure de la soirée, Ney Matogrosso se mis en scène pour Inclassificaveis, un de ses shows les plus brillants (dans tous les sens du terme) de sa carrière, avant que Seu Jorge, grosse vedette des programmations de MPB FM en 2008, ne termine la soirée avec un méga concert, accompagné par son groupe formé de 14 musiciens, le Conjunto Pesadão, formée de cuivres, de guitares, de percussions, broyés dans une mixture sonore indigeste. Seule son énergie nous était transmise. Sans doute n’avait-on pas trouvé une balance au mixage pour les différents styles musicaux entendus ce soir-là. Le concert « Labiata » de Lenine, quelques jours plus tard, me rassura quant aux qualités acoustiques de la salle, qui comme dans toutes les autres salles du Brésil n’a, à mon humble avis, aucun équivalent qualitatif dans le monde.

Trois jours plus tard, le 29 novembre 2008, Lenine nous rassure
quant à l'acoustique de la salle Vivo Rio (photo Daniel A.)

Après Tropicalia (cela va de soit !!), MPB FM accessible sur le net, reste un moyen très fiable pour se faire une large idée de ce qui se produit au Brésil.
Car ne l'oubliez pas, comme le martèle en leitmotiv la jeune radio, « personne ne résiste à la musique brésilienne ».

Ney Matogrosso: "Mal Necessario"


3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que l'acoustique n'était pas terrible mais la prestation de Ney Matogrosso était bien au dessus de cela. Artiste accompli il a juste besoin que d'un micro (et d'un costume), sa voix et son professionnalisme font le reste :-)

Daniel Achedjian a dit…

Et oui, Claudia B., et même son costume se réduit parfois au strict minimum!! Beijos...

Anonyme a dit…

lamentavel! ...foi e não entendeu nada ! desolê!!!!!!
Love,
Pierre Aderne ( Doces Criocas)

CE BLOG EST DÉDIÉ AUX CURIEUX QUI AIMERAIENT CONNAÎTRE L'ART ET LA MUSIQUE POPULAIRE BRÉSILIENNE. UNE OCCASION POUR LES FRANCOPHONES DE DÉCOUVRIR UN MONDE INCONNU OU IL EST DE MISE DE LAISSER SES PRÉJUGES AU VESTIAIRE.