jeudi 11 juin 2009

Brésil, 20 ans : une histoire de pluie et de beau temps.

Rio sous la pluis n'est cependant pas dénué de charme...
(photo E.F. Gollo de Mesquita)


« A vida, companheiro…A vida é a arte do encontro » disait le poète Vinicius de Moraes. « La vie, cher compagnon, c’est l’art des rencontres… ». J’ai toujours adhéré à cette maxime, géniale de tant d’évidence et de simplicité. De mon côté, je pourrais parodier très humblement, en écrivant que la vie, chers amis, c’est parfois l’art de prédire la pluie et le beau temps. Je sais que cela n’a pas la même force poétique, mais il y a 20 ans exactement, les premiers rayons de soleil qui apparurent au matin du 13 juin 1989, n’auront pas seulement égaillé la journée du bon peuple, comme ils auront radicalement changé ma vie…

En mars 1989, avec un bon camarade, nous avions décidé d’entreprendre notre premier voyage exotique. J’entends par là hors des frontières européennes, une sorte de voyage initiatique à la recherche d’une vraie culture inconnue.
Aucune idée ne s’imposait à nous, mais un autre lascar qui revenait de Rio de Janeiro nous faisait miroiter la ville comme un pays de cocagne, où le paradis était à notre disposition pour pas un rond. Il agrémentait sa description de quelques éléments persuasifs comme les caipirinhas, les plages avec ses cocotiers (ah bon ?), et les brésiliennes toutes clonées à partir de Gisèle Bunschen ou Thaís Araújo. Et de fait, avec une inflation galopante à l’époque –presque surréaliste !-, tous les prix pour le touriste paraissaient ridiculement bas.
Très sincèrement, l’idée du Brésil ne m’enchantait guère. Les photos des guides montrant les autoroutes le long des plages (l’Avenida Atlantica de Copacabana et la Vieira Souto à Ipanema) me semblaient assez rébarbatives. Et en résumé pour moi, les brésiliens étaient de charmants doux dingues qui se maquillaient outrageusement pour faire du boucan un fois par an, au Carnaval. Cela s’appelait de la samba -paraît-il- et je trouvais cela assez insupportable au-delà de deux minutes. Musicalement, tandis que je m’abreuvais de rock alternatif et de soul américaine, ma mère écoutait dans son salon un certain Sergio Mendes & Brasil 66, que j’apparentais à une musique de shows pour Las Vegas. Il y avait aussi les deux albums « Vinicius & Toquinho en la fusa » (1971), avec Maria Bethânia et Maria Creuza, et pour être franc, je trouvais la Bossa Nova insipide, sans nuance et particulièrement ennuyeuse…Ces deux albums constitueront quelques mois plus tard mes tables de la loi… La première marche d’un escalier sans fin (belle image, Daniel !)…
Pour revenir au voyage, fainéant et sans imagination, j’acquiesçais donc pour Rio, dans l’idée que je pourrais parler de cette aimable excursion à mes petits-enfants…ou ceux des autres. « Rio ? Il faut l’avoir fait une fois dans sa vie ». Sauf que cela fera bientôt 40 voyages, bien que cela se soit joué à peu de chose.

Nous débarquons donc à l’aéroport Galeão, le 10 juin 1989, et dès le départ, une pluie diluvienne nous accueille fraîchement. Je vous prie de croire que traverser pour la première fois la zone nord jonchée de favelas dans des conditions pareilles ressemble plus à une apocalypse d’après guerre qu’à un Eden retrouvé…
Arrivé à l’Excelsior de Copacabana (depuis lors rénové), il nous fallait constater que sortir de l’hôtel était mission impossible tant les eaux avaient monté dans les rues. Et la situation n’allait pas s’arranger le deuxième et troisième jours. Mes activités étaient réduites aux va-et-vient entre le bar miteux et la télévision qui diffusait Faustão (très traumatisant quand on ne connaît pas !) qui criait dans une langue dont je ne comprenais pas un traître mot. Il y avait aussi la fenêtre d’où je ne voyais pas le Rédempteur, mais un bout de mer déchaînée et quelques champignons Coca-Cola, les parasols des terrasses désertes. La grosse déprime !
Moins patient que moi, mon camarade de chambrée m’annonça vindicativement que si rien ne changeait, il ne voyait plus la raison de rester un jour de plus dans un tel cauchemar. Et de mon côté, je voyais peux d’arguments à lui opposer. Le ciel semblait bouché comme un nez grippé,
et nous apprêtions déjà nos sacs, au soir du 12 juin.
Mais alors que s’est-il passé durant la nuit…Un conciliabule au sommet entre les Orixas pris de pitié ? Toujours est-il qu’au matin du 13, le ciel s’était ouvert à moi comme la mer à Moïse, et un soleil radieux balaya notre humeur maussade. « The rest is history » comme on dit, ou plus humblement, fait partie de mon histoire.
Au lieu de rentrer au bercail avec la décision définitive de ne jamais revenir un jour au Brésil, nous restâmes 3 semaines et s’en suivirent, en ce qui me concerne, presque 40 voyages en 20 ans.
En réalité, je n’avais pas encore été contaminé par le virus de la musique brésilienne, mais il s’était insidieusement infiltré en moi, attendant un signal…
À mon retour en Belgique, quelques bonnes âmes m’avaient offert des tickets pour aller voir les concerts de Maria Bethânia ainsi que de João Gilberto qui se produisaient aux Palais des Beaux Arts de Bruxelles dans le cadre du festival « Viva Brasil ». Et là oui, la douce maladie se réveilla et pris possession de tout mon être…Et la venue d’un exorciste n’est pas pour demain…

P.S : je tiens à présenter mes excuses pour une des phrases cités ci avant : j’ai pu rencontrer quelques brésiliens non maquillés, et tout bien pensé, ils font du boucan toute l’année…





1 commentaire:

paspourdesprunes a dit…

Bonjour,


Je me permets de vous contacter à propos de Paspourdesprunes.com : un site destiné aux Français à l’étranger curieux des coutumes et cultures des pays dans lesquels ils vivent. C'est aussi une vitrine pour les blogs dont je publie des extraits selon les thématiques que vous découvrirez en nous rendant visite.

J'ai ouvert le Brésil et aurais aimé savoir si vous accepteriez que je publie certains de vos posts pour enrichir la base de données sur ce pays en mettant un lien vers votre blog et en vous tenant au courant dès que c’est fait pour que vous puissiez apporter des corrections si nécessaire.

En vous remerciant de l'attention que vous pourrez porter à paspourdesprunes,


Au plaisir de vous lire,

Julie Deffontaines
http://www.paspourdesprunes.com
julie@paspourdesprunes.com

CE BLOG EST DÉDIÉ AUX CURIEUX QUI AIMERAIENT CONNAÎTRE L'ART ET LA MUSIQUE POPULAIRE BRÉSILIENNE. UNE OCCASION POUR LES FRANCOPHONES DE DÉCOUVRIR UN MONDE INCONNU OU IL EST DE MISE DE LAISSER SES PRÉJUGES AU VESTIAIRE.