lundi 20 décembre 2010

Caetano Veloso et Maria Gadu au Citybank Hall (RJ)

Caetano Veloso et Maria Gadú, Citybank Hall, 19/12 (photo Daniel A.)

-texto português em breve

À ma gauche
(ou à gauche sur la photo), Caetano Veloso, né à Santo Amaro da Purificação (Bahia) en 1942. Un des piliers fondamentaux de la musique populaire brésilienne ; plus de 40 ans de carrière et autant d’albums ; une des plus belles voix du Brésil ; et une personnalité aussi (gentiment) polémique qu’attachante.
Il n’est plus besoin de le présenter, mais il est important de signaler que, de sa génération, il reste le plus « vivant » des artistes (avec sa sœur Maria Bethânia), dans le sens créatif du terme.
Caractéristiques : Caetano peut tout se permettre, mais il continue à se remettre en question, ou du moins à chercher continuellement de nouveaux chemins, comme l’ont prouvé ses deux derniers albums, « Cê » (2006) et « Zii e zie » (2009), sur lesquelles il joue avec de jeunes musiciens de la scène indie carioca.

À ma droite (ou à droite sur la même photo), Maria Gadú, née à São Paulo, 24 ans, qui parmi la multitude de nouvelles chanteuses, s’est distinguée en 2009 par un premier album plutôt brillant qui nous dévoilait une bonne compositrice dans une veine MPB pop, ainsi qu’une interprète à la voix sûre et au timbre original.
Caractéristiques : elle se produit sur scène assise, tel un scout derrière une guitare (qu’elle domine particulièrement bien en accompagnement) ; elle exhibe un look à la garçonne qui plaît à son public GLS ; elle subit une surexploitation qui pourrait être préjudiciable pour sa carrière comme en attestent les nombreuses participations spéciales sur divers projets. De même, après seulement un premier album, elle possède déjà son propre dvd, et même bientôt un deuxième, qu’elle divisera avec son « parrain » Caetano Veloso, et dont l’enregistrement eut lieu ce 19 décembre, au Citibank Hall de Rio de Janeiro.

...ou les coulisses de l'enregistrement d'un dvd (photo Daniel A.)

L’histoire d’amour musical entre les deux stars de génération différente remonte à l’époque où Caetano avait assisté au show de la jeune pauliste, en 2008, dans la défunte petite salle du Cinémathèque de Rio . S’en suivit un concert de louange de la part du bahianais, dont le moindre avis est toujours relayé par la presse. Puis, il y a quelques mois, Caetano et Gadú se sont retrouvés en duo pour un numéro lors d’une cérémonie de remise de prix musical. La syntonie entre les deux artistes fut telle qu’ils décidèrent d’entamer une courte tournée dans les capitales brésiliennes, à partir du début novembre 2010.

Maria Gadú durant sa partie solo (photo Daniel A.)

J’avais raté la représentation du 5 décembre dernier, à Rio, mais par chance, une date fut décidée pour graver le show pour la postérité au Citybank Hall (même si certaines parties du future dvd avaient déjà été mis en boite).
Si je ne suis pas forcément fan de ce genre de rencontre qui souvent n’ajoute pas grand-chose au répertoire présenté, et qui reste dans l’aimable condescendance (le type de show 1+1= toujours 1), mais il faut bien avouer que ce fut loin d’être le cas, hier soir.
Les deux artistes se montrèrent assez discrets dans leurs interventions entre les titres, évitant les flatteries convenues de parts et d’autres. Et il y eut bel et bien de très beaux moments qui naquirent de cette rencontre…

...de même pour Caetano (photo Daniel A.)

Le duo commença gentiment sur Beleza pura de Caetano avant que celui-ci ne laisse Gadú initier une succession de 7 titres, épuisant presque le contenu de son premier album.
Les choses sérieuses démarrèrent vraiment quand la chanteuse entama Podres poderes (de Veloso) avant que l’auteur de la chanson ne la rejoigne pour O Quereres et le toujours sublime Sampa. Ce fut ensuite au tour du bahianais d’enchaîner 7 de ses titres, visitant son immense répertoire, qui, si l’on excepte Desde que o samba é samba, Alegria Alegria et Sozinho (de Peninha), proposa quelques perles pas forcement attendues, comme Genipapo absoluto, Milagres do povo ou De noite na cama.

Maria Gadú et Caetano Veloso,
11 duos sur l'ensemble du show (photo Daniel A.)


L’Amphitryon déroula ensuite le tapis rouge pour le retour en scène de Gadú avec Shimbalaiê en solo, avant que le duo ne se lance pour 8 titres à deux voix dans une harmonie généralement très convaincante. Parmi ceux-ci : Voca profana, Rapte-me Camaleoa, O Leãozinho, Trem das onze (Adoniran Barbosa) et le moment de grâce que constitua Nosso estranho amor, qui prouva que le temps n’aura jamais d’emprise sur le falsetto de Caetano.

En résumé, ce fut bien un concert gracieux et sobre, une rencontre loin d’être inutile, riche en très beaux moments…En espérant que le dvd rendent ces instants comme le public les a vécus ce 19 décembre 2010….

2 commentaires:

zanzibar a dit…

Merci beaucoup pour tout ces articles plus documentés le suns que les autres.
Ce sont toujours d'excellentes bases, même pour avoir un avis différent.

Daniel Achedjian a dit…

Merci beaucoup Zanzibar...encore heureux qu'en art, nous ayons des avis différents de temps à autres...cela ne fait que nous enrichir...
A bientôt!

CE BLOG EST DÉDIÉ AUX CURIEUX QUI AIMERAIENT CONNAÎTRE L'ART ET LA MUSIQUE POPULAIRE BRÉSILIENNE. UNE OCCASION POUR LES FRANCOPHONES DE DÉCOUVRIR UN MONDE INCONNU OU IL EST DE MISE DE LAISSER SES PRÉJUGES AU VESTIAIRE.