En avril de l’année 2007, l’excellente revue généraliste « Veja », publiait un article qui, avec le temps, pourrait bien devenir une référence pour les historiens de la MPB. Sous le titre « La nation des chanteuses », ce dossier brossait un intéressant panorama de la nouvelle vague des interprètes qui déferle depuis deux ou trois ans sur la scène brésilienne.
Elles sont nombreuses -sans doute un peu trop- et certaines qui étaient évoquées à l’époque ne semblent toujours pas avoir trouvé leur place au soleil.
L’une d’entre elles, Mariana Aydar, se produisait le 22 juillet dernier au New Morning à Paris.
Encensée par la critique grâce à son excellent premier album « Kavita 1 » de 2006, la jeune chanteuse se pose indéniablement comme l’une des belles promesses de cette génération féminine, aux côtés d’autres noms tel Anna Luisa, Thais Gulin, Mariana Baltar ou la très jeune Bruna Caram. Toutes dans un registre très samba fortement teintée de pop comme d’autres encore qui ont déjà conquis le marché depuis ce début de siècle : Roberta Sá, Teresa Cristina ou Vanessa da Mata.
Avec une étonnante énergie et une véritable ‘faim’ de scène, Mariana conquit la célèbre petite salle parisienne sans le moindre complexe. Elle put ainsi faire connaître au public quelques grands ‘sambistas’ de première catégorie comme João Nogueira (1941-2000), Leci Brandão ou Eduardo Gudin, tout en révélant d’autres compositeurs venus d’autres horizons musicaux comme le célèbre Chico César, le légendaire João Donato –tout deux présent sur « Kavita 1 »- ou Rodrigo Amarantes du groupe culte –pour l’instant en pause carrière- Los Hermanos. Avec une interprétation puissante et une justesse de ton trop rare chez ses contemporaines, Mariana Aydar prouva qu’elle n’était pas qu’une simple nouvelle sensation à la mode venue du Brésil. Voici un court extrait de l’interview qu’elle a bien voulu concéder à ce blog adoré.
Elles sont nombreuses -sans doute un peu trop- et certaines qui étaient évoquées à l’époque ne semblent toujours pas avoir trouvé leur place au soleil.
L’une d’entre elles, Mariana Aydar, se produisait le 22 juillet dernier au New Morning à Paris.
Encensée par la critique grâce à son excellent premier album « Kavita 1 » de 2006, la jeune chanteuse se pose indéniablement comme l’une des belles promesses de cette génération féminine, aux côtés d’autres noms tel Anna Luisa, Thais Gulin, Mariana Baltar ou la très jeune Bruna Caram. Toutes dans un registre très samba fortement teintée de pop comme d’autres encore qui ont déjà conquis le marché depuis ce début de siècle : Roberta Sá, Teresa Cristina ou Vanessa da Mata.
Avec une étonnante énergie et une véritable ‘faim’ de scène, Mariana conquit la célèbre petite salle parisienne sans le moindre complexe. Elle put ainsi faire connaître au public quelques grands ‘sambistas’ de première catégorie comme João Nogueira (1941-2000), Leci Brandão ou Eduardo Gudin, tout en révélant d’autres compositeurs venus d’autres horizons musicaux comme le célèbre Chico César, le légendaire João Donato –tout deux présent sur « Kavita 1 »- ou Rodrigo Amarantes du groupe culte –pour l’instant en pause carrière- Los Hermanos. Avec une interprétation puissante et une justesse de ton trop rare chez ses contemporaines, Mariana Aydar prouva qu’elle n’était pas qu’une simple nouvelle sensation à la mode venue du Brésil. Voici un court extrait de l’interview qu’elle a bien voulu concéder à ce blog adoré.
-Mariana, cet article paru dans « Veja » a-t-il éveillé la curiosité sur ton travail ?
Oui, je crois qu’il a conscientisé le public sur le fait qu’il existait une nouvelle génération de chanteuses, pas seulement jeunes et jolies, mais aussi faîtes de personnalités et d’excellentes compositeurs. Une génération qui est plus consistante qu’on a bien voulu le dire.
-Sont-elles aussi des portes- voix de nouveaux compositeurs comme l’était Elis Regina pour João Bosco, Milton Nascimento ou Ivan Lins ?
En effet, par exemple Maria Rita (fille d’Elis Regina) avait repris plusieurs titres de Marcelo Camelo du groupe Los Hermanos qui a aidé à les populariser davantage. Marcelo Camelo et Rodrigo Amarantes, l’autre tête pensante du groupe, sont des mélodistes formidables. Pour mon album, j’avais sélectionné huit de leurs titres, pour finalement choisir « Deixe o verão »… De mon côté, je n’ai enregistré qu’une seule composition personnelle, « Festança », avec un autre compositeur de la nouvelle génération, Duani, qui a aussi produit mon premier disque. Il a joué avec un tas de gens dont Marcelo D2 ou Seu Jorge.
-Ton album est, en grande partie, une véritable ode à la samba de tradition de Rio. Tu es de Sao Paulo, mais tu as commencé en chantant du Forró, style du Nordeste du Brésil. Explique -moi un peu ce parcours complexe !
Il y a plusieurs facteurs. D’abord, vers 2000, il y eu un fort mouvement à São Paulo qui jouait le Forró, cette musique festive, dans les universités. De nombreux groupes sont nés comme Forróçacana, avec Duani justement, et moi-même j’ai créé le mien. Je ne pensais pas à enregistrer un disque. Danser et chanter, c’était tout ce qui m’importait. J’ai ainsi accompagné des artistes représentatifs de cette tendance musicale comme Chico César ou la grande Elba Ramalho.
Ensuite il ne faut pas oublier que ma mère fut l’impresario de celui qui reste sans doute la super star incontestée de la musique nordestine, le roi du Baião, Luiz Gonzaga (1912-1989). J’avais tous ses 33 tours.
-Tu as pu rencontrer cet immense artiste ?
J’étais toute petite mais j’en ai un souvenir très précis. Avec sa bonhomie, c’était un peu un père Noël ! Mais ce n’est que plus tard que j’ai pris conscience de son importance dans le MPB.
-Et donc en tant que chanteuse de Forró, tu n’avais pas de plan de carrière discographique…
Non, je voulais juste me divertir, et puis quand j’ai eu 23 ans, en 2004, j’ai eu envie de me tourner vers d’autres horizons et j’ai choisi de vivre quelque temps à Paris. Six mois exactement. Paris représentait la culture en elle-même. Et puis les Brésiliens y ont toujours été bien accueillis. Par rapport à São Paulo, c’était presque une ville de province (rire) ! C’est ici que je me suis intéressé à tout l’héritage de l’Afrique que possède le Brésil.
-C’est ce contact avec la culture africaine qui t’a aiguillé vers la samba ?
Tu sais, c’est quand on a du recul qu’on parvient à mieux visualiser les choses. De France, je me suis dit : « Comme le Brésil est riche musicalement ! ». Cela ne peut arriver que quand on est éloigné de ses racines. On est nostalgique et on a conscience de ce que l’on possède chez soi. Je me suis dit : « maintenant, il faut que je rentre, c’est une nécessité », et j’ai enregistré l’album peu de temps après.
-« Kavita 1 » est sorti en 2006. Tu n’es pas un peu fatiguée de parler du même album ?
(elle rit !) J’avoue que oui…Ce matin je me disais qu’il était temps que je me fasse un nouveau répertoire. Je prévois bientôt de retourner en studio vers le mois d’octobre. J’aimerais que mon nouvel album sorte vers mars ou avril prochain.
-Tu as déjà une idée de sa direction ? Tu comptes rester dans la même veine plutôt samba ?
En fait, je ne sais pas trop…J’ai déjà trois compositions personnelles…mais je suis très dure envers moi-même ! J’ai déjà composé un titre avec une autre nouvelle chanteuse que j’adore Luísa Maita –retiens bien ce nom là ! - un autre avec le ‘sambista’ Romúlus Froes, et également une chanson avec le grand poète de São Paulo, Nuno Ramos. J’aurai à nouveau une composition de Giana Viscardi, encore une de ces chanteuses et compositeurs de talent…
En écoute: pour ceux qui voudraient se faire une idée musical précise du Forro, "Cabeça feita" par Jackson do Pandeiro, grand divulgateur de ce style dans les année 50.
MARIANA AYDAR: "Força estranha"
Oui, je crois qu’il a conscientisé le public sur le fait qu’il existait une nouvelle génération de chanteuses, pas seulement jeunes et jolies, mais aussi faîtes de personnalités et d’excellentes compositeurs. Une génération qui est plus consistante qu’on a bien voulu le dire.
-Sont-elles aussi des portes- voix de nouveaux compositeurs comme l’était Elis Regina pour João Bosco, Milton Nascimento ou Ivan Lins ?
En effet, par exemple Maria Rita (fille d’Elis Regina) avait repris plusieurs titres de Marcelo Camelo du groupe Los Hermanos qui a aidé à les populariser davantage. Marcelo Camelo et Rodrigo Amarantes, l’autre tête pensante du groupe, sont des mélodistes formidables. Pour mon album, j’avais sélectionné huit de leurs titres, pour finalement choisir « Deixe o verão »… De mon côté, je n’ai enregistré qu’une seule composition personnelle, « Festança », avec un autre compositeur de la nouvelle génération, Duani, qui a aussi produit mon premier disque. Il a joué avec un tas de gens dont Marcelo D2 ou Seu Jorge.
-Ton album est, en grande partie, une véritable ode à la samba de tradition de Rio. Tu es de Sao Paulo, mais tu as commencé en chantant du Forró, style du Nordeste du Brésil. Explique -moi un peu ce parcours complexe !
Il y a plusieurs facteurs. D’abord, vers 2000, il y eu un fort mouvement à São Paulo qui jouait le Forró, cette musique festive, dans les universités. De nombreux groupes sont nés comme Forróçacana, avec Duani justement, et moi-même j’ai créé le mien. Je ne pensais pas à enregistrer un disque. Danser et chanter, c’était tout ce qui m’importait. J’ai ainsi accompagné des artistes représentatifs de cette tendance musicale comme Chico César ou la grande Elba Ramalho.
Ensuite il ne faut pas oublier que ma mère fut l’impresario de celui qui reste sans doute la super star incontestée de la musique nordestine, le roi du Baião, Luiz Gonzaga (1912-1989). J’avais tous ses 33 tours.
-Tu as pu rencontrer cet immense artiste ?
J’étais toute petite mais j’en ai un souvenir très précis. Avec sa bonhomie, c’était un peu un père Noël ! Mais ce n’est que plus tard que j’ai pris conscience de son importance dans le MPB.
-Et donc en tant que chanteuse de Forró, tu n’avais pas de plan de carrière discographique…
Non, je voulais juste me divertir, et puis quand j’ai eu 23 ans, en 2004, j’ai eu envie de me tourner vers d’autres horizons et j’ai choisi de vivre quelque temps à Paris. Six mois exactement. Paris représentait la culture en elle-même. Et puis les Brésiliens y ont toujours été bien accueillis. Par rapport à São Paulo, c’était presque une ville de province (rire) ! C’est ici que je me suis intéressé à tout l’héritage de l’Afrique que possède le Brésil.
-C’est ce contact avec la culture africaine qui t’a aiguillé vers la samba ?
Tu sais, c’est quand on a du recul qu’on parvient à mieux visualiser les choses. De France, je me suis dit : « Comme le Brésil est riche musicalement ! ». Cela ne peut arriver que quand on est éloigné de ses racines. On est nostalgique et on a conscience de ce que l’on possède chez soi. Je me suis dit : « maintenant, il faut que je rentre, c’est une nécessité », et j’ai enregistré l’album peu de temps après.
-« Kavita 1 » est sorti en 2006. Tu n’es pas un peu fatiguée de parler du même album ?
(elle rit !) J’avoue que oui…Ce matin je me disais qu’il était temps que je me fasse un nouveau répertoire. Je prévois bientôt de retourner en studio vers le mois d’octobre. J’aimerais que mon nouvel album sorte vers mars ou avril prochain.
-Tu as déjà une idée de sa direction ? Tu comptes rester dans la même veine plutôt samba ?
En fait, je ne sais pas trop…J’ai déjà trois compositions personnelles…mais je suis très dure envers moi-même ! J’ai déjà composé un titre avec une autre nouvelle chanteuse que j’adore Luísa Maita –retiens bien ce nom là ! - un autre avec le ‘sambista’ Romúlus Froes, et également une chanson avec le grand poète de São Paulo, Nuno Ramos. J’aurai à nouveau une composition de Giana Viscardi, encore une de ces chanteuses et compositeurs de talent…
En écoute: pour ceux qui voudraient se faire une idée musical précise du Forro, "Cabeça feita" par Jackson do Pandeiro, grand divulgateur de ce style dans les année 50.
MARIANA AYDAR: "Força estranha"