vendredi 11 juin 2010

Notices diverses et variées (part. 2)

Céu, confirmation en 2009 avec son album "Vagarosa"

(texto português em breve)


Tandis que je commence à écrire ces lignes, le programme télévisé « Experimente » du canal Multishow, démarre…Cette émission présentée par Edgard Piccoli est davantage dédiée aux productions indépendantes et branchées.
En invité, la chanteuse Céu et Romulo Froes, deux noms parmi les plus fascinants et créatifs de São Paulo, révélés en 2009. La scène alternative mondiale peut, dans ces deux cas, envier le Brésil…

Lélia Coelho Frota, décédée ce 27 mai 2010.

Notice 1 : ...qui est une notice triste, en ce qui me concerne…
Le décès de Lélia Coelho Frota (1938-2010), critique et historienne d’art, anthropologue, poétesse, et spécialiste incontestable et incontesté de l’Art Populaire Brésilien. Elle est décédée ce 27 mai, et nous avions rendez-vous pour nous revoir ces jours-ci.
Lélia avait écrit des ouvrages incontournables sur le sujet comme « Mitopoética de 9 artistas brasileiros » (1978), « Mestre Vitalino » (1986), et le dictionnaire de référence : « Pequeno Dicionario da Arte do Povo Brasileiro » (2005) qui venait d’être réédité.
Parmi les nombreuses fonctions qu’elle occupait, elle fut directrice de l’Institut National du Folklore de la Funarte, directrice des archives générales de la ville de Rio de Janeiro, fondatrice du Musée d’Art Populaire Edson Carneiro, ou encore commissaire de la grande exposition d’Art Populaire Brésilien Contemporain, qui eut lieu au Grand Palais de Paris en 1987. Entre bien d’autres charges…
Je l’avais rencontrée à deux reprises pour des après-midi passionnants dans son petit appartement de Leblon. Nous devions évoquer le festival Europalia Brésil 2011, sans savoir toutefois de quoi sera fait la programmation de l’événement en question (« sans doute trop conventionnel » m’avait-elle dit par téléphone !) …Je la savais atteinte d’un cancer depuis quelques années, mais sa disparition fut aussi brutale qu’inattendue…
Lélia Coelho Frota avait également édité plusieurs recueils de poésie…

Mestre Vitalino: "Violeiros" (photo prise lors de l'expo
de la vente aux enchêre Soraia Cals du 27 mai).


Notices 2 : Et puisqu’on parle d’Art Populaire Brésilien, les petites sculptures de Mestre Vitalino (1909-1963) sont devenus des objets de convoitise pour les collectionneurs…Les pièces qui sont passées en vente chez l’auctionneer Soraia Cals à Rio, ce 27 mai, ont encore atteint des prix impressionnants, même si certains furent négociés après la vente. Signalons cependant qu’ils venaient d’une collection prestigieuse, celle de César Aché, autre expert de ce domaine.
Preuve que le marché de l’Art Populaire est à prendre au sérieux, il devient le sujet de manigances de certains marchands (ou pire, marchands collectionneurs!), certaines salles de ventes, et certains curateurs, qui confondent leur rôles et cumulent les fonctions en vue d’établir des côtes…Bref, tout comme le marché de l’art contemporain en général…

Cazuza et Frejat lors de l'édition Rock in Rio (à Rio!) 1985.

Notice 3 : Pour revenir à la musique et ceux qui la commentent, j’ai pris grand plaisir à rencontrer le jeune journaliste Luiz Felipe Carneiro, qui a travaillé entre autres à la Folha de São Paulo.
Son site « Esquina da musica » se trouve en lien sur ce blog.
Luiz Felipe finalise un livre sur les éditions historiques du festival « Rock in Rio »…qui se sont vraiment déroulé à Rio de Janeiro (et non au Portugal, comme c’est le cas maintenant). Il s’agit des éditions de 1985, 1991 et 2001. Cet événement mondial -qui présente des pointures tant internationales que brésiliennes- a déménagé par la suite à Lisbonne en 2004, 2006, 2008 et 2010, tandis que Madrid fut convié à partager les affiches en 2008 et cette année.
Mais pour l’histoire de la Musique Populaire Brésilienne, ce sont surtout les deux premières éditions qui furent importantes, dans un certain contexte politique déterminé…

Thais Motta, une des meilleures interprètes
de Bossa jazz actuel (photo Daniel A.)


Notice 4 : En début de voyage, j’ai évoqué les nombreux lieux traditionnels de Rio qui ont mis récemment la clé sous la porte. Et entre temps, d’autres maisons ont allongé la liste.
Toujours résistant cependant, le Vinicius Show Bar (anciennement Vinicius Piano Bar) n’a plus de « temple de Bossa Nova » que l’appellation que les guides touristiques lui attribuent.
Il est vrai qu’il y a une quinzaine d’années, j’ai pu y voir Baden Powell, João Donato, Johnny Alf, Billy Blanco ou Carlos Lyra.
Mais depuis quelques années, le lieu est squatté par Maria Creuza, et la chanteuse n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut dans les années soixante-dix…
Mais de temps à autre cependant, la jeune chanteuse de bossa jazz Thaís Motta s’y produit en compagnie d’un petit groupe emmené par le pianiste et excellent arrangeur, Marvio Ciribelli.
Thaís présente alors son répertoire composé des titres de son premier (très bon) album « Merecimento » mêlé de classiques de la bossa, mais surtout d’adaptations de Chico Buarque particulièrement réussies. La chanteuse possède une maîtrise parfaite et arrive à faire frissonner sur des titres pourtant entendus milles fois…

Notice 5 : Pour finir sur une note légère, puisque j’ai commencé ces notices par une éphéméride (le 10 juin), je termine par rappeler que les brésiliennes seront très attentives aux deux dates qui suivent…
12 juin : Dias dos namorados, c’est-à-dire notre Saint Valentin brésilien qui, ici aussi, fait davantage le bonheur des commerçants que des couples assujettis au marketing (mais non, je ne suis pas amer !).
Cela dit, une marche des âmes solitaires est prévue sur Copacabana…Bonne chasse !
13 juin : jour de Santo Antônio, le Saint Patron des démunis, des objets perdus et le Saint « marrieur »…Il reste un jour aux cavalheiros pour préparer leurs demandes…ou leurs fuites en avant...!

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