À l’époque du vinyle, nous avions entre les mains cette grande plaque composée de deux faces d’environ 20 minutes (avec 5 ou 6 chansons dans son format traditionnel) qui permettait au groupe ou à l’artiste qui le désirait, d’installer une sélection de titres qui se disfférenciaient par le rythme ou l’ambiance.

Et puis vers 1982, le compact disque prit le pas sur le vieux vinyle, avec cette idée saugrenue qu’on allait rendre heureux l’auditeur avec 16 ou 18 morceaux, histoire qu’il en ait pour son argent.
En réalité, au répertoire initial de l’habituel 33 tours, on additionnait les titres qu’on écartait habituellement pour raison qualitative. On a appelé ça ironiquement des « bonus », comme si on nous faisait un cadeau suprème...
Et pourtant, quel est le courageux qui écoute encore un album (cd) en entier de nos jours, fusse-t-il de 12 chansons (j’ai dit « écouter », pas « mettre en fond sonore »… !).
Au Brésil, on assiste depuis quelque temps à la pratique du « deux albums distincts », qui revient en quelque sorte à l’idée initiale des deux faces.

Plus récemment, Zeca Baleiro nous proposait en 2008, « O Coraçao do Homen bomba, vol. 1 », album festif, avant de lancer quelques semaines plus tard le volume 2, plus intimiste et sérieux, plus pop/rock.
Toujours à titre d’exemple, la très zélée Maria Bethânia reste la championne dans ce domaine. En 2006, elle lançait au travers son label Quitanda, « Mar de Sofia » et « Pirata », avant de répéter le processus en 2009 avec « Encanteria » aux couleurs des rythmes de Bahia, et « Tua », plus intimiste.
Mais face à ces artistes chevronnés, d’autres jeunes se prennent au jeu. Ainsi la talentueuse chanteuse/ compositrice de la nouvelle vague carioca, Nina Becker - qui officie au sein du groupe Orchestra Imperial- a l’audace, pour ses début discographique, de nous proposer dans les magasins, ces jours-ci, « Azul » et « Vermelho » (« bleu » et « rouge »), deux volets qui proposeront deux climats différents.
...en écoute aujourd'hui: Moska.

Dans ce cas-ci, nous avons non seulement une grande différence de style entre les deux opus, mais aussi une différence qualitative, non voulue évidemment.
« Muito » se présente comme plus classiquement pop et en réalité assez peu inspirés mélodiquement, si l’on excepte la plage titulaire –un excellent pop/ tango-, et les bons Soneto do teu corpo (Moska/ Leoni) et Quantas vidas você tem (Moska).
« Pouco », quant à lui, est une très bonne surprise et révèle un artiste complètement différent. Des compositions plus acoustiques, aériennes, délicates, et parfois audacieuses harmoniquement, comme Semicoisas qui ouvre l’album. On y trouve aussi, trois bonnes compositions avec Zélia Duncan, O Tom do amor, Nao, et Sinto encanto, cette dernière déjà présente sur le dernier album de Zélia, « Pelo sabor do gesto » (2009).
Autres beaux moments, la ballade bluesy Provavelmente você (Moska), et Saudade, une collaboration de Moska avec son ami Chico César, qui clôt un excellent album sans faute…
Les deux disques peuvent s’acheter ensemble ou séparément, et dans ce dernier cas, pour une fois, préferez « peu » (« Pouco ») à « beaucoup » (« Muito »)...
vidéo/ audio, "Sinto encanto" (Moska/ Duncan) par Zélia Duncan
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