vendredi 10 décembre 2010

09/12 : Dori Caymmi, Sesc Belenzinho de Sao Paulo.

Dori Caymmi (avec Jorge Helder à la basse),
Sesc Belenzinho, 09/12 (photo Daniel A.)

-português em breve

Si le cher Alphonse de Lamartine (poète français,1790-1869) nous évoquait déjà le sentiment de dépeuplement que notre vie ressentait quand un seul être venait à nous manquer, il ne pouvait imaginer la dévastation que provoquerait une journée sans cellulaire ou -dans mon cas- de plusieurs jours sans laptop …
Pour des raisons techniques, je fus privé d’un morceau de ma vie, ce qui me donna l’impression de me mouvoir sans cerveau, ou plutôt sans mémoire, pour utiliser le terme informatique approprié. De là, le manque de textes édités sur ce blog…

Il aura donc fallu plusieurs jours dans la capitale pauliste, avant de pouvoir assister à un show. Presque dix jours dans le tumulte de la mégapole pour qu’enfin, au milieu du trafic ininterrompu et des bruits urbains, m’apparaisse l’oasis des sons cristallins du « monde intérieur » de Dori Caymmi, qui se produisait dans le nouveau et magnifique complexe du Sesc Belenzinho, inauguré au début de ce mois de décembre. Le « monde intérieur » (du titre de son dernier album) d’un homme apparemment introverti, mais qui entre chaque compositions, fit preuve d’un délicieux humour à froid, autrement dit cynique, en rapport à divers sujets musicaux ou d’actualités.

Dory Caymmi et Renato Braz, Sesc Belenzinho, 09/12 (photo Daniel A.)

Pour donner une belle complémentarité à sa voix caverneuse et profonde, Dory avait invité le pauliste Renato Braz, ami de longue date, et excellent interprète très à l’aise dans le registre aigu.
Revisitant son magnifique « Mundo de dentro » –un des meilleurs disques de l’année en ce qui me concerne- Dory nous gratifia d’une leçon de maestria harmonique, qui nous rappela que nous étions en présence d’un des mélodistes les plus brillants de la musique populaire brésilienne, tous styles confondus.
Divisant presque tout le show avec Renato Braz, Caymmi ouvrit cependant seul le show sur un inédit en hommage à Rio de Janeiro, sa ville de cœur, plutôt chahutée, ces dernières semaines.
Si une bonne partie des compositions portaient la signature de Paulo César Pinheiro (« je vais bientôt fêter 41 ans de collaboration avec lui, et lui, 41 ans avec tout le monde », ironisa-t-il, évoquant l’énorme production du poète), il s’appliqua aussi à reprendre les titres clefs de sa carrière. Parmi ceux ci, O Cantador qui le fit connaître aux yeux du monde, composé pour Elis Regina lors du fameux festival de la chanson de 1967, et écrit avec Nelson Motta sur lequel il ironisa encore …« depuis Nelson Motta m’a échangé contre Lulu Santos ».

Renato Braz, Sesc Belenzinho 09/12 (photo Daniel A.)

Au final, le répertoire s’avéra assez différent de celui que Dori avait donné en avril dernier au Théâtre Tom Jobim de Rio de Janeiro, laissant place pour quelques titres à Renato Braz, en solo avec sa guitare, qui donna le frisson avec une superbe interprétation de Onde esta você (Oscar Castro Neves/ Luvercy Fiorini), en hommage à la chanteuse Alaíde Costa qui fêtait hier ses 75 ans…
Vous l’aurez compris, la soirée du 9 décembre 2010, dans le nouveau Sesc Belenzinho de Sao Paulo, était d’une très haute tenue musicale !

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