jeudi 24 avril 2008

Assimiler… !

Dolores Duran (1930 -1959), une des premières femmes auteur de la MPB moderne

Je ne sais pas vous, mais moi, quand j’ai la malencontreuse idée d’aller me coucher juste après l’audition d’un cd, je peux être certain que je passerai une nuit difficile. Rêves ou cauchemars auront comme bande sonore, une musique entendue qui jouera en discontinu et qui, au lever, m’accompagnera encore dans la douche et devant le bol de café.
Ce matin, mon obsession s’appelait « Por causa de vocé » (« A cause de toi »), composition de Antonio Carlos Jobim et de Dolores Duran.
Dolores, chanteuse brésilienne mythique, décédée à 29 ans en 1959, fut l’une des premières interprètes féminines, à s’immiscer dans la composition, dans toute l’histoire de la musique populaire brésilienne du XXème siècle.
Même si elle fut résolument moderne dans sa manière d’interpréter, le destin aura voulu qu’elle ne participe pas à la naissance de cette musique qui marque toujours les créations actuelles, la Bossa Nova, née en 1958 à Rio, et dont la ville commémore cette année le demi-siècle par d’innombrables évènements musicaux.
En abordant des noms, des mouvements, des dates, même arbitraires (du style, 1958, oui mais bon, l’esprit existait déjà avant…), on se rend compte que la musique populaire brésilienne, possède à bien des égards, ses caractéristiques propres. Celle, entre autres, de ne pas avoir la mémoire courte. Si chez nous, reprendre un classique des années 1920 ou 1940, peut être salué comme une audace, ce fait est d’une banalité qu’on ne mettra même pas en évidence, même pour les groupes ou artistes les plus alternatifs. Le mélange des styles musicaux et des générations est d’un tel naturel, que l’on perçoit qu’il y a bien une mémoire collective musicale. Et cela dans toutes les couches sociales.
De plus, ce phénomène n’entrave en rien, l’imagination créative et l’addition des genres. Car, si généralement, un nouveau style, prend le contre-pied de l’ancien dans tous les arts, dans la musique populaire brésilienne, une nouvelle tendance s’enrichit et puise dans les précédentes, quand bon lui semble.
Le fait qu’un guitariste pop/rock comme George Israël, reprenne sur son dernier album « As Rosas nao falam » (‘les Roses ne parlent pas’, littéralement), un immense classique du compositeur de samba, Cartola (1908-1980) de la favela carioca Mangueira, ne surprendra personne (pour les plus curieux, se référer à l’album «Distorçoes do meu jardim », Som Livre, 2007) .


Angenor de Oliveira (1908-1980), grand sambista des favelas cariocas


George Israël, tête pensante du groupe pop Kid Abelha

De même, c’est un fait très commun qu’une nouvelle chanteuse comme Marina Machado puisse accueillir sur son premier disque, une icône comme Milton Nascimento, une star de la taille de Seu Jorge (un peu connu en Europe, tout de même…) ou Samuel Rosa, chanteur et compositeur de Skank, l’un des groupes pops les plus célèbres et imaginatifs de la scène brésilienne.
Imaginez qu’un gagnant de la « Nouvelle star » puisse compter dès son premier album sur la participation de Charles Aznavour, Jean Louis Aubert, et Cristophe Maé, l’événement serait commenté bien au-delà de la presse spécialisée. Et j’ai choisi ces noms, pour tenter un équilibre raisonnable.
J’avoue que j’ai commencé ce post (ce message, cet article, ce papier..), sans vraiment savoir où j’allais. Car, suite à mon voyage récent au Brésil, j’ai sciemment écrit en portugais, pour la divulgation de ce blog là bas. Ce furent juste l’une ou l’autre considération avant d’attaquer le vif du sujet.
Je finirai par cette conclusion. Le sujet de la MPB est d’une telle richesse, que le chroniqueur doit absolument pouvoir contrôler les tentatives de digressions dues, justement, aux mixités des genres, des régions, des influences, et des générations. Parlez d’un artiste, et voilà qu’en arrivent vingt autres qu’on aimerait tellement pour le moins évoquer.
Très dangereux cela, car il ne faudrait pas saouler les mélomanes curieux ! Alors, si vous me le permettez, je vais prendre la liberté, à l’avenir, de pratiquer comme certaines méthodes de langues étrangères, qui vous proposent d’ « assimiler » un domaine passionnant. La règle serait, en résumé : je vous raconte une histoire, retenez ce que vous pouvez, même si beaucoup de choses vous échapperont vite, mais les liens se feront naturellement par la suite. C’est ainsi que nous avons appris notre langue maternelle, paraît-il…

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjours Daniel, je suis une fouineuse qui recherche le plus d'informations possibles sur la musique brésilienne. Je crois que je suis tombé sur un chouette endroit!J'ai pu me débrouiller pour lire un peu quelques uns de tes articles en portugais, car mon maris est du Cap Vert, et parle cette langue. Mais au niveau des livre en français, je n'ai trouvé que peu de chose. Et toi, connais tu des livres qui seraient intéressants pour moi (avec titre et éditeur, s'il te plaît), merci, et je reviendrai le plus souvent possible. G.D.

Anonyme a dit…

Ola Daniel! Nosso amigo comum, Carlinho da Toca me deu seu endereço. Legal, cara! So que nao falo nem uma palavrinha em francés...Nao tive sorte hoje, kkkk! como consegiu falar do Cartola, Georginho da Kid, do Tom, ou do Skank no mesmo poste...Magia sua? sou de Ogum e Iemansa, e vocé ??mas ja o Carlos me disse que sua visao era ampla...que bom! Até breve..em portugues, abraço.

Anonyme a dit…

Bonjour. J'ai vu l'invit. au forum-blogs.com. Moi qui suis une passionnée des musiques du monde, je sens que je vais y revenir souvent! Il n'y a pas de musique, j'ai cru comprendre qu'on pouvait écouter des morceaux?? Je ne parle pas portugais, à quelle fréquence penses tu écrire des articles en français?
A+
Françoise

Daniel Achedjian a dit…

Chère Ghislaine, si tu n'as trouvé que peu de choses, nous devons avoir les mêmes car il n'existe pour ainsi dire rien. En français, je peux te recommander le livre édité par "La Cité de la Musique", de Paris, "Musique du Brésil" fourni avec un cd, pas mal, mais plus éthnologique que musical par moment. Et qui s'arrête tôt au niveau de l'actualité (après 1967, rien de bien précis n'est signalé). Mais il est très difficile à trouver. Je l'ai acheté sur place, et c'était le dernier exemplaire. Mais pour l'année du Brésil en France, en 2005, est sorti aussi "MPB-musiques du Brésil", bien plus sympa et actuel, et aussi bien plus facile à trouver. Mais un conseil, perfectionnes un peu ton portugais, et ce seront au moins 500 livres de haute qualité que tu pourras acheter, via le net, là bas. Bonne chasse...

Daniel Achedjian a dit…

Salve Jorginho, festejou sua feta dia 23!? Sei là, vamos dizer que sou de Oxummaré e Iemanja, que adoro essa ultima...Um abraço para Carlos amigo de muitos anos, e quantos todos esses nomes, vocé bem sabe, que, dum jeito ou outro, estao relacionados!! Volte sempre abraço...

Daniel Achedjian a dit…

Bonjour Françoise, je n'ai pas de règle quant au fait d'écrire dans une langue ou l'autre, mais au plus les francophones me laisseront des commentaires sympas, ou des questions, au plus je serai motivé pour écrire dans la langue de Voltaire. Fais passer le mot!! Pour moi 50-50, ce serait sympa. Quant à la musique, j'y travaille, ou du moins une colaboratrice précieuse. Je pense aussi à charger Youtube, mais il faut que le son soit de qualité impecable..et puis esthétiquement, ce n'est pas terrible. Si tu plonges dans la musique brésilienne, tu verras avec le temps, que tu y trouveras aussi toutes les musiques du monde!! un fameux raccourci, mais bon , je prêche un peu pour ma chapelle..(-:
A bientôt...

Márcio a dit…

Salut Daniel! Est-ce que Seu Jorge est une star? Je me domande cette question. C'est vrai qu'il est connu, particulièrement parmi les jenues, et que sa version de "É isso aí", avec Ana Carolina a eté très populaire. Mais je dirais qu'il est encore plus proche de la condition de "cult" que de star, ce qui n'est pas de problem. On pourrait peut-être le comparer un peu avec Luis Melodia, qui est un artist cult ça fait 30 ans.
Je dirais que Jorge Israel est plutot un saxofonist qui joue de la guitarre. Est-ce que tu est d'accord? Um abraço.

Daniel Achedjian a dit…

Bonjour Marcio, ta question soulève bien des réponses! Rien que sur les termes de "star" et "culte". Pour "culte", je perçois un sentiment éphémère et parfois maudit. Une chanson culte, un disque culte, un artiste culte comme Geraldo Vandré, ou Serge Sampaio, Jards Macalé, Itamar Assumpçao, un groupe culte Mamonas Assassinadas, Blitz, ou Secos e Molhados, qui n'a duré qu'un an et demi.
De Luis Melodia, je dirais que c'est une valeur sûre, pas grand vendeur, peu productif, mais généralement de grande qualité. Tu as raison, un peu comme Seu Jorge. Mais il faut voir le travail de Jorge avec un peu plus de temps. Mais je ne m'inquiète pas à son sujet.Peut être que "star" s'applique, non seulement à un artiste gros vendeur, et à son attitude. La façade qu'il exhibe...
Elis est une star, voir même une star culte (rsrs) à cause de sa fin à la Marylin, Ney aussi dans son genre...Ana Carolina, aussi, mais l'est-elle encore..? La question reste ouverte à chacun et c'est même une excellente idée pour un poste, Marcio!! Quant à George, il est multi-instrumentiste, bon saxophoniste avec Kid, principalement, mais bon guitariste accompagnateur sur ses (2) disques solos, ou avec Os Britos. Mais le saxophone doit être son premier instrument, je suis d'accord. Super ton français, Marcio, cela m'encourage à écrire dans les deux langues..abraço..!

Eduardo a dit…

Preciso mesmo deixar de ser sem vergonha e voltar aos estudos do Francês. É uma situação meio ridícula, pois entendo tudo que você escreveu em francês. Mas minha fala está péssima e minha escrita, pior ainda. então ficamos combinados, eu leio em Francês e comento em Português. hehehe. Pior do que isso é quando entrevisto alguém em inglês e a pessoa me responde em francês, para melhorar um pouco as coisas.
E siga em frente Daniel, você vai virar o embaixador cultural do Brasil e da Bélgica - aliás, você fala/escreve/lê flamengo? Abraços.

Daniel Achedjian a dit…

Acho que vou fingir de nao ter visto sua ultima pergunta, Eduardo (-:...Meu flamengo nao é dos melhores...Fique tranquil, que nossos amigos francés, têm essa reputaçao de so falar sua lingua...Reputaçao bastante verdadeira, porem...Mais si tu comprends le fançais écrit, c'est le plus important pour moi, grande abraço...

Anonyme a dit…

Eduardo, meu caro, estamos no mesmo barco... eu tô lendo em francês, numa boa, até pq. o Daniel escreve bem pra caramba; agora, na hora de escrever... um truque: acentos: pense no que seria em português e faça o contrário - costuma funcionar! Pra falar eu preciso de um interlocutor; aí vai desenferrujando. Tb. preciso retomar. Abraço.

Daniel Achedjian a dit…

Caros Eduado e Olga, voces perceberam talvez que o titulo do post "Assimiler" é uma piscadina de olho para o metodo "Assimil" que fez que me viro em portugues agora. Comprei um para um amigo brasileiro, que desistiu. Tem que ter, alem dum metodo, vontade. 20 minutos por dia bastam. Se esse blog pode ajudar vocés a aperfeiçoar seu francés, realmente, gente, vou cobrar a entrada do MPB/APB (-:
Grande abraço

Anonyme a dit…

Veja so "se esse blog possa"...assinado: o bobo do comentario acima..

CE BLOG EST DÉDIÉ AUX CURIEUX QUI AIMERAIENT CONNAÎTRE L'ART ET LA MUSIQUE POPULAIRE BRÉSILIENNE. UNE OCCASION POUR LES FRANCOPHONES DE DÉCOUVRIR UN MONDE INCONNU OU IL EST DE MISE DE LAISSER SES PRÉJUGES AU VESTIAIRE.