mercredi 30 avril 2008

Les Années 90 : le grand feu d’artifice (I).

Daniela Mercury, à jamais la Reine de la Musique Axé de Salvador (foto Célia Santos)

Avant de vous parler de la grande Adriana Calcanhotto, j’aimerais tenter de traduire ici, l’effervescence musicale des années nonante, peut être la période la plus riche du vingtième siècle, au niveau de la diversité. Ce sera un post un rien plus long, un rien plus didactique, mais importantissime, je vous le promets... Cette décennie reste aussi l’unique que, par chance, j’ai pu vivre entièrement en tant que spectateur. Voici quelques évènements que je vous livre tels qu’ils me viennent à l’esprit.
Dès 1991-92, on assiste à la projection nationale (au Brésil s’entend) de la musique bahianaise, dite Axé ou Samba reggae, emmenée par Daniela Mercury, Carlinhos Brown, ou Margareth Menezes et divers « bandas » de bonne qualité. Ces années sont réellement l’âge d’or de cette vague car, dès 1994, ce mouvement, surexploité commercialement, s’appauvri, et seul les artistes précités, survivent grâce à leurs grandes ressources artistiques qui s’étendent bien au-delà de leurs propres racines. A ceux-ci, il faut ajouter Ivete Sangalo, issu du groupe Banda Eva, qui reste régulièrement l’artiste de tous les records de ventes, surtout quand l’un de ses méga concert sort en dvd. Ivete initiera une carrière solo en 1998, et si les disques de cette dernière sont généralement de qualité très moyenne, on ne peut qu’admirer son sens inné du spectacle, son assurance sur scène, et une voix puissante et affûtée. Elle est également devenue une icône gay.

Chico Science(1966-1997) figure emblématique du 'Mangue Beat'

Autre mouvement, bien différent, mais extrêmement important, car novateur, le ‘Mangue Beat’, issu des villes de Recife et Olinda (éloignées l’une de l’autre de 6 kilomètres…) de l’Etat du Pernambuco, dans le ‘Nordeste’. Emmené par le groupe Chico Science e Naçao Zumbi, ce style mêle les rythmes puissants et effrénés du Maracatu et d’autres traditions musicales de cette région, aux guitares en mode ‘distorsion’ et autres éléments électroniques.
Les textes apparaissent fort hermétiques mêlant les références à la culture et aux légendes du Nordeste au monde de la cyberculture. Les paroles sont chantées puissamment dans un mode saccadé, monocorde parfois, mais terriblement fascinant. Ici, on ne parle plus de musique commerciale. Ce mouvement gagnera cependant une grande reconnaissance internationale, principalement en Europe. Chico Science et son groupe enregistreront deux disques, avant que le destin ne veuille que Chico ne disparaisse dans un accident de voiture à l’age de 31 ans, en 1997, sur cette fameuse route de 6 kilomètres…
Naçao Zumbi continuera l’aventure en solo sur un mode mineur quoique intéressant, mais d’autres groupes nés en même temps que ce dernier comme Mundo livre S.A. ou Banda Eddie, sont des noms essentiels à associer à cette mouvance. À leur manière, des groupes actuels tel Cordel do Fogo Encantado ou Totonho e Os Cabra, perpétue cet héritage.
Troisième tendance qui me vient à l’esprit (je mens, j’ai pris des notes avant …), l’affirmation dans ces années 90, des groupes rocks nés durant la décade précédente. Beaucoup seront issu de la capitale, Brasilia. Les années 80, sujettes aussi à de nombreux livres au Brésil, sont généralement associées à l’avènement du rock brésilien. Dans un climat politique qui, doucement, tend à la démocratie (puisque la fin ‘officielle’ de la dictature date de 1984), les textes reflètent une virulente charge sociale et politique jusqu’alors contenue ou finement suggérée (comme pu si bien le faire Chico Buarque).

Cazuza (1958-1990), l'Icône rock des années 80, commémoré pour les cinquante ans qu'il aurait eu cette année (photo site officiel)

Cazuza ou Renato Russo, respectivement leader des groupes Barao Vermelho et Legiao Urbana, restent les symboles de cette contestation et sont devenus entre temps des artistes mythiques, suite à leur décès précoce dû au sida (Cazuza en 1990, Renato Russo, en 1996).La maladresse des enregistrements des premières années de ces groupes disparaît dans les années 90, et fait place à des albums bien mieux produits. Comme me le confiait lors d’une interview Frejat, compagnon de route de Cazuza au sein de Barao Vermelho, « … en 1981, on ne savait pas comment enregistrer le son d’une guitare électrique. »

Paralamas do Sucesso et le groupe Titas, réunit en 2007, pour leur 25 ans d'existence (photo divulgation)

Nombre de ces groupes ou artistes, qui se sont abreuvés au rock, au punk, au ska ou à la new wave anglaise, subsistent plus que jamais dans les années 90, tel que Paralamas do Sucesso, Titas, Capital Inicial, Kid Abelha, Lulu Santos, Lobao, Marina Lima, et les déjà nommés Legiao Urbana et Barao Vermelho. Et j’en oublie, volontairement... Ils s’affirment tous, et restent plus que jamais présents actuellement sur le devant de la scène. Capital Inicial vient de jouer devant un million de personnes pour les 48 ans d’existence de Brasilia ; Paralamas et Titas sillonnent le pays dans une tournée conjointe, commémorant leur 25 années d’existence ; et dans quelques jours, sur la plage de Copacabana, la fine fleur de la MPB se réunira pour un vibrant hommage à Cazuza, un de plus dans son cas ! J’appuie sur le fait que la production et la qualité de ces groupes ne se sont jamais éteintes jusqu’à présent et que la quarantaine bien entamée, ses protagonistes ont pu conquérir l’adhésion des adolescents, réunissant, de fait, plusieurs générations.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Daniel,
Hoje, Primeiro de Maio, é feriado aqui de novo - Dia do Trabalho - e tem show na Praia de Cpacabana. Vai ser trubuto ao Cazuza. Vão Caetano, um monte de artistas...

Daniel Achedjian a dit…

Bom dia olga, eu soube do show "tributo ao Cazuza", cujo falo no post em francés. Alias, foi perto de ser cancelado, como eu li no jornal. Por causa de quem..? Falta de segurança, se bem me lembrR. Parabens para sua matéria no blog "reporter do Crime" do J.A. Barros! do Globo on line! Valeu colega! Beijo, Daniel.

Anonyme a dit…

Nao entendi sua historia dos anos 90, Daniel, mas pelos nomes em destaque, parece que captou bem os pontos essenciais, beijo, Bruna.

Anonyme a dit…

Daniel, o show quase foi cancelado porque a Associação dos Moradores de Copacabana reclama do barulho, da falta de segurança e da sujeira que fica no bairro. Além disso, a população que paga impostos no Rio reclama do uso indevido do dinheiro público nesses shows, enquanto falta dinheiro para coisas básicas, como saúde pública, por exemplo. Obrigada, "colega", por me ler no "Repórter de Crime" do Globoonline, do outro trés cher journaliste Jorge Antonio Barros.
Beijos. Beijos.

CE BLOG EST DÉDIÉ AUX CURIEUX QUI AIMERAIENT CONNAÎTRE L'ART ET LA MUSIQUE POPULAIRE BRÉSILIENNE. UNE OCCASION POUR LES FRANCOPHONES DE DÉCOUVRIR UN MONDE INCONNU OU IL EST DE MISE DE LAISSER SES PRÉJUGES AU VESTIAIRE.