jeudi 29 juillet 2010

En juillet, le Rio Scenarium a fait place au « forrozeiro » Chico Salles.

Chico Salles, Rio Scenarium 21/07 (photo Daniel A.)

Le peu de temps passé à Bruxelles, entre les voyages au Brésil du mois de mai et de juillet, m’ont donné peu d’occasions de relater les divers albums écoutés récemment.
J’avais prévu un post dédié aux excellents disques de Chico Salles et Déa Trancoso, qui divulguent une musique qualifiée de « régionale », et qui m’avait particulièrement séduit (celui de Déa Trancoso date de 2007, mais vient d’être réédité par le label Biscoito Fino). Leurs concerts, ces jours-ci à Rio, me donne l’occasion de tenir ma promesse initialement prévue.

Le Rio Scenarium: antiquaire transformé en "casa de show".

Tous les mercredis du mois de juillet, Chico Salles se produisait au Rio Scenarium, en compagnie d’un invité différent à chaque édition. C’était le tour d’Edu Krieger, quand je m’y suis rendu le 21 juillet dernier.
Et d’abord quelques mots sur cet endroit unique ouvert depuis 2001 à la limite du quartier de Lapa, et que tous les touristes de passage à Rio –même pour quelques jours- se doivent d’aller visiter.
Situé rua do lavradio (perpendiculaire à la célèbre Avenida Mem de Sá, siège d’autres « casas de show »), le Rio Scenarium est une sorte de grand magasin d’Antiquités hétéroclite, qui abrite plus de 10.000 objets disparates. On va de la voiture ancienne, aux pièces d’art populaire, meubles anciens, sculptures religieuses, en passant par des ustensiles d’anciens métiers disparus.
Le lieu connaît un succès énorme qui lui amène près de 2000 visiteurs en fin de semaine, provoquant un gros embouteillage humain dans la rue. Et dans une volonté récente de régler ce trafic à l’entrée (c’est-à-dire, en réalité, de le compliquer !), on se retrouve devant des files interminables, qui n’existaient pas quand on traitait cela de manière tranquille.
Quoi qu’il en soit, cet endroit -qui est aussi un restaurant flanqué d’une piste de danse- est régulièrement cité par la presse étrangère comme l’un des clubs musicaux les plus originaux de la planète.
La programmation, basée sur les musiques essentiellement brésiliennes, varie souvent selon les jours de la semaine. Et si vous avez le choix, allez-y entre le mardi et le jeudi, surtout si vous voulez un peu d’espace pour esquisser un pas de danse…Mais j’arrête là mon moment « guide touristique ».

Chico Salles, chanteur et compositeur du Paraíba - qui réside depuis près de 40 ans à Rio de Janeiro- a toujours navigué entre les musiques de son Nordeste natal et les rodas de samba qu’il fréquente depuis les années 80. Mais son 5ème album, « O Bicho pega », est bel et bien un disque enraciné dans le xote, le coco, le forró et le baião, dans sa plus pure expression. Ce bel album, orné d’une de ces xylogravures typiques de la littérature du cordel, se distingue par son excellente production et son répertoire où les rythmes irrésistibles ne masquent pas les mélodies bien supérieures aux productions du style. Ainsi s’imposent très vite la plage titulaire, O Bicho pega (Bule Bule), ou encore Como alcançar uma estrela (Miltinho Edilberto) et Masculina, cette dernière composée en collaboration avec, justement, Edu Krieger.
En invité sur l’album, on retrouve aussi Fagner, Alfredo Del-Penho, et le guitariste João Lyra, également à la direction musicale. Des rencontres qui donnent à l’ensemble un aspect abouti et définitivement professionnel –sans en enlever l’âme- que ne possédaient pas encore ses travaux précédents. Et Chico Salles lui-même, s’affirme comme un solide interprète.
« O Bicho pega » comptera comme l’une des belles productions du genre de cette année, et donnera certainement une visibilité plus ample à ce « forrozeiro » de Rio de Janeiro.

Vidéo amateur: "O bicho pega" au Rio Scenarium...

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