lundi 30 août 2010

En écoute aujourd’hui : Tulipa Ruiz et Luísa Maita.

"Lero lero" de Luisa Maita, poésie urbaine poignante.

Il ne fait aucun doute que la jeune scène musicale de São Paulo -que l’on pourra qualifier d’indépendante, d’alternative, ou de branchée- est ce qui se fait de plus créatif et de plus excitant au Brésil, ces dernières années. Cette mouvance très active (qui fut le sujet d’un bon article récapitulatif du journaliste Leonardo Lichote, récemment, dans le deuxième carnet du Globo du 9 août dernier) possède autant de facettes que d’intégrants. Ils ne sont pas forcément originaires de São Paulo même, mais viennent de tout le Brésil –principalement du Nordeste- et se sont installés dans la mégapole pour y travailler.
Pas réellement cantonné à un style défini, le seul véritable lien qui unit ces artistes, est qu’ils travaillent beaucoup ensemble -sur scène comme sur leurs albums respectifs-, n’hésitant pas à collaborer aussi très souvent avec leur collègues de Rio de Janeiro.

Et d’ailleurs, le son de la jeune chanteuse et compositrice Tulipa Ruiz, sur son premier album « Efêmera », se rapproche assez de la pop légère et ingénue qui caractérise celui des cariocas Silvia Machete ou Nina Becker, et de tout ce qui touche au monde musicale de la formation +2 (Dominico Lancellotti, Kassin, Moreno Veloso) et Do amor.
Pour étayer ce que j’ai mentionné plus haut, on trouve sur « Efêmera », en backing vocals, quelques chanteuses qui tiennent le devant de la scène à São Paulo, comme Mariana Aydar, Tiê, Céu, Anelis Assumpção ou Juliana Kehl.
Et preuve que tout ce petit monde créatif se donne à l'occasion un coup de main, on peut aussi lire les noms de Karina Buhr, Ná Ozzetti, ou Romulo Frões qui illustrent quelques dessins –des tulipes !- sur le livret du cd.
De sa voix aigue et mélodieuse, Tulipa présente un répertoire presque entièrement « autoral », constitué de petites perles pop comme Pontual, Sushi ou Ás vezes, qui démontrent non seulement une originalité pétillante, mais aussi un sens mélodique recherché.
Seuls quelques titres plus dispensables en seconde partie d’album, n’en font pas un disque parfait…Mais on n’en est pas loin !

Dans « Lero lero », la chanteuse et compositrice Luísa Maita, montre une autre facette de la musique pauliste actuelle, moins pop que Tulipa Ruiz. Une sonorité plus délicate et sophistiquée qui avait caractérisé quelques superbes albums en 2009, comme ceux de Mariana Aydar («Peixes passaros pessoas »), Céu (« Vagarosa »), et bien sûr, Rodrigo Campos avec le très justement acclamé « São Mateus não é um lugar assim tão longe ».
Dans ce dernier, on retrouvait d’ailleurs Luísa –compagne de Rodrigo- aux vocaux sur quatre titres.
Cette tendance musicale qui se rapproche d’une certaine samba mélancolique par son instrumentation, parfois teintée de rythmes afro, prévaut par une grande subtilité dans les arrangements et dans les harmonies. Et si « São Mateus… » de Rodrigo Campos se révélait d’une poignante poésie urbaine, « Lero lero » pourrait se présenter comme une suite tout aussi réussie. Luísa Maita y signe huit des onze titres qui paraissent sortir de la même plume que Campos, qui offre ici trois titres. L’ensemble forme une magnifique harmonie, et fait de cet album, déjà un de mes favoris de cette année.

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