mercredi 27 août 2008

Suite du journal musical...du 23 au 26 août.

Jussara Silveira, Rita Ribeiro et Teresa Cristina
Théâtre Municipal de Nitéroi, 24/08 (photo Daniel A.)

23/08: pause volontaire d’interviews, ce qui ne m'empêche nullement de goûter au plaisir musical de Lapa un samedi soir. Hors saison, le quartier est très respirable. Au Carioca da Gema, une des excellentes casas de show du vieux quartier, Ana Costa anime le public avec un répertoire de sambas traditionnelles plus connues les unes que les autres. Le but étant de faire chanter et danser le public averti. C’est bien simple, ceux qui ne chantent pas en choeur, ne peuvent être que des touristes! J’en vois en effet certains qui semblent un peu perdus dans la ferveur de l’ambiance, tentant de se cacher derrière une caipirinha... La chanteuse, qui a lancé son premier et excellent disque “Meu Carnaval”(2006), accompli ici son travail d’animatrice de la maison, laissant de côté ses propres compositions. C’est dommage, mais c’est normal. Je devrais la rencontrer ce vendredi.

Ana Costa au "Carioca da Gema" de Lapa (photo Daniel A.)

24/08: Tandis que João Gilberto, le Howard Hugues de la Bossa Nova, présente un show historique au Théâtre Municipal de Rio pour un public choisi, je me rend à Niterói, pour assister à l’enregistrement du dvd de “Três meninas do Brasil”, un show qui réunit Jussara Silveira, Teresa Cristina et Rita Ribeiro (voir photo en tête de message). Il y a peu, j’avais écrit dans ce blog “A la recherche de la nouvelle star”. Si je ne sais toujours pas où elles se trouvent, j’ai à coup sûr trouvé trois divas en un seul soir. Ces trois chanteuses déjà aguerries ont présenté ce dimanche un spectacle de haute tenue, probablement un des meilleurs concerts qu’il m’aie été donné de voir ces deux dernières années. Je développerai ultérieurement. En tout cas, ce fut un remède miracle à une éventuelle dépression qui m’amènerait à me demander si la musique brésilienne possède bel et bien encore des artistes de grande valeur. Ces trois grandes dames ont répondu à mon interrogation. Merci “minhas meninas”, grâce à vous, j’en viens à remercier les dieux de la MPB de m’avoir privé de billet pour voir le pape de la Bossa. Et ce n’est pas de l’amertume!

Frejat dans le studio où fut enregistré son dernier album: "Intimidade entre estranhos"
(photo Daniel A.)


25/08: déjà rencontré en 2003, c’est avec un grand plaisir que je revois Frejat, artiste avec lequel j’avais réalisé une de mes meilleurs interviews à l’époque. Ce personnage incontournable de la scène rock brésilienne est en pleine promotion de son troisième album solo, “Intimidade entre estranhos”, que j'ai pu écouter en primeur grâce à l’efficacité de son agent de presse, Renato. Comme avec Zeca Baleiro la semaine précédente, il court d’une interview à l’autre mais ne rechigne pas à converser pendant 1 heure 16! (dixit son agent, un peu furax!) sur diverses questions touchant à son dernier bébé mais aussi sur divers constats de la scène rock actuelle.
La star –car c’en est une!- est toujours aussi chaleureuse, sympa et surtout très lucide sur tout les sujets qu’il aborde...

Bena Lobo, le regard tourné vers une reconnaissance méritée qu'il espère...
(photo Daniel A.)

26/08: autre chouette rencontre avec Bena Lobo, fils d’un des plus grands compositeurs de la musique populaire brésilienne –avec Tom Jobim et Chico Buarque- Edu Lobo. Et la maman n’est autre qu’une des figures emblématiques féminine de la Bossa Nova, Wanda Sa. Ce n’est certes pas facile d’être fils de..., mais ce jeune compositeur ne doit son talent à personne. Ses deux albums “Nada virtual”(2002) et “Sábado”(2006), avaient attiré mon attention l’année dernière. Sur le dernier opus, on ne retrouve ni plus ni moins que Lenine, Seu Jorge, Pedro Luis et des musiciens de studio de poids comme le bassiste Arthur Maia. Et malgré le soutien de son père et d’artistes renommés comme le déjà cité –Chico Buarque- ou Milton Nascimento, il ne cache pas que la situation du marché de la musique brésilienne ne fait pas de cadeaux aux jeunes compositeurs, quelque soit l’héritage musical dont ils ont pu bénéficier. Encore une confession bien pertinente.
L’après-midi, une rencontre que j’attendais avec une certaine impatience, celle avec Tony Platão. A l’heure où les chanteuses fleurissent comme de belles orchidées ou de la mauvaise herbe -c’est selon- il était intéressant de converser avec un artiste masculin, qui fait de l’interprétation, un point d’honneur. Toni est loin d’être un novice, puisqu’il est né avec la scène rock des années 80, et son ancien groupe Hojerizah. Mais depuis deux ans, il développe enfin un projet qui devrait le consacrer –il serait temps- comme un des meilleurs interprètes du Brésil! Toni ne peut cacher son enthousiasme d’avoir vu il y a quelques jours, le résultat final de son premier dvd qui sortira dans les prochains mois. Un fait assurément important, car sur les planches, le chanteur acquiert toute sa dimension. Au niveau prestation scénique, une comparaison avec des artistes comme Joe Cocker, Ian Curtis ou -au Brésil- la regrettée Cassia Eller, est loin d’être fortuite. Espérons que le dvd pourra rendre ce à quoi j’ai pu assister de nombreuses fois.

Toni Platao: "Pro quem estao em casa"

samedi 23 août 2008

Survol d’une première semaine à Rio...(du 17 au 22 août)

Caetano Veloso, Oi Casa Grande, le 19/08 (photo Daniel A.)

16/08: un show entre ‘frères’, compositeurs d’une nouvelle génération, Edu Krieger et Rodrigo Maranhão. Des cariocas baignés dans les rythmes du Nordeste, rejoints en participation spéciale par une pétillante Anna Luisa, interprète dont le talent est certain, depuis son premier álbum de 2006: “Do Zero”. Krieger, Maranhão et Anna Luisa, tous sont fans de percussions et de batuque, mais dans ce show où règne la bonne humeur, c’est la forme voix/ guitare - qui sert des mélodies finement ciselées des deux musiciens- qui est livrée à une jeunesse dorée dans le Cinémathèque Jam Club de Botafogo.

Edu Krieger et Rodrigo Maranhao pour une scession privée au Bar Semente
(photo Daniel A.)

17/08: rencontre à Lapa avec les deux protagonistes de la veille, Edu et Rodrigo, qui explorent deux mondes qui se rejoignent tant dans la force créatrice que dans la difficulté d’être un compositeur de talent en devenir. Ces rencontres eurent lieu au Bar Semente de Lapa.

18/08: retrouvaille avec Paulinho Moska (que je n’arrive pas à appeler Moska...), un des ces excellents compositeurs issu des années 90. Ceci dans sa belle maison rénovée du quartier du Jardim Botânico. Conversation philosofico-musicale, existancielle et surréaliste parfois, qui termine par un blues, nouvelle création pour la scéance photo (à voir dans un prochain post).
Le soir, un dîner sorti de nulle part, improvisé, avec Ivan Lins et son vieux compagnon d’arme et principal parolier, Vitor Martin, dans un restaurant discret de Leblon. On y parle musique, un peu, mais surtout de cachaça, de pêche, du Portugal, et de bien d’autres anecdotes.

Ivan Lins, rencontre informelle (photo Daniel A.)

19/08: cela devait durer 20 minutes...Pendant une heure rencontre avec Zeca Baleiro, en pleine promotion de son nouvel album, “O Coração do Homen- bomba” ( ‘le coeur de la bombe humaine’). Le pire moment pour interviewer un artiste. Et pourtant au final, un des meilleurs moments de la semaine. Analyse de l’album ponctué de pas mal d’humour. Zeca semble souffler entre de nombreuses interviews téléphoniques. J’avais juste eu le temps d’écouter l’album le matin-même.
L’après-midi, un autre monument, Pedro Luis (sans A Parede, son groupe), s’applique en bon historien de son oeuvre, à chronologiquement évoquer sa carrière. L’artiste est son meilleur agent, sans aucun doute. Je n’aime pas trop la froideur des bureaux de la production. Instructif tout de même et -on dira- efficace. J’attendais sans doute plus de fantaisie. J’ai quand même eu droit, en primeur, à l’écoute de son prochain álbum qui parait três solide, avec Lenine à la production. On imagine le souffle d’énergie dégagé par ces deux reunis...

Le soir, show de Caetano Veloso qui enregistre son prochain dvd -Obra em progresso- dans la salle ‘Oi Casa Grande’ de Leblon. Je n’arrive plus à accrocher depuis son álbum “Ce”. Les melodies sont poussives et laborieuses et je me demande pourquoi il s’entête à vouloir mettre 120 mots, là ou 60 suffiraient. Il reste sa délicieuse ironie, qui égratine comme son habitude Lobão, le rockeur (excellent!) polémico-risible... Ces deux là finiront à l’église. Ceci dit, la critique encense la performance, alors, comprenne qui pourra...Mais, oui, je continue à aimer Caetano...

En toute décontraction, Zeca Baleiro (photo DanielA.)

20/08: Fred Martins, autre musicien compositeur de talent de la nouvelle génération, a la gentillesse de venir jusqu’à mon hôtel. L’artiste est davantage tourné vers une pop très brasilianisée, fait de subtiles lignes mélodiques. Assez étonnement, il me livre des points de vues sur la samba du quartier de Lapa et sur l’éducation des enfants défavorisés qui sortent des lieux communs. Il arrive à mettre en question certaines certitudes que je croyais inébranlables. Une tête bien pleine et un artiste délicat.
Fin d’après midi, dans une de ses fantastiques librairies de la “zona sul”, rencontre avec Thais Gulin, autre interprète tournée vers une musique plus avant-guardiste. Une artiste rêveuse et introspective durant la conversation, qui n’est pas sans me rappeler une ancienne interview avec Adrianna Calcanhotto en 2003.
La soirée se termine avec le pocket show d’une nouvelle artiste (encore une!), Monique Kessous, dans l’annexe d’une autre libraire d’Ipanema. Une chanteuse divisée entre une musique tournée vers ses racines tzigannes, et une pop commerciale que j’espère, elle laissera sur le côté avec le temps. Le public se résume à de nombreux familiers de l’interprète. Pas dénuée de talent... à suivre...

Thais Gulin au milieu des livres..."Puisque j'ai l'image d'une intellectuelle", dit-elle...

21/08: Dans un de ces magnifiques appartements anciens de Copacabana, rencontre avec une excellente chanteuse de samba, Marianna Baltar, une des fondatrices du fameux Centre Culturel Carioca. Avec elle, ce sont les coulisses de Lapa qui me sont révélés. Une vision bien aiguisé de cette multi-artiste, également danseuse et actrice.
Fin d’après-midi, dans le quartier de Laranjeira, c’est Nilze Carvalho et son mari qui me recoivent chaleureusement. Outre l’évocation de sa carrière très singulière d’instrumentiste prodige (cavaquinho et bandolim), je detecte des sculptures de disciples de Vitalino et une belle pièce de la vallée de Jequitinhnoha. Une rencontre ‘cool’ et humaine comme je les aime.
Le soir, c’est à la Fundação Progresso que cela se passe avec un show de Dado Villa Lobos, ex-intégrant du cultissime groupe Legião Urbana, rejoint par un des interprètes masculins les plus mésestimés de la scène brésilienne depuis 25 ans, Tony Platão. Ce dernier arrache dans les reprises du groupe pré-cité. Le son de la salle, Parada da Lapa, par contre, laisse fort à désirer. Un fait plutôt rare au Brésil.

Nilze Carvalho, interprétant Johnny Alf (photo Daniel A.)

22/08: interview avec une figure emblématique de la Bossa Nova (il en fallait bien une pour le cinquantenaire du mouvement!), Severino filho, dernier membre fondateur du plus vieux groupe vocal du pays (du monde?), Os Cariocas, né en 1946. Reception plutôt froide et peu sympathique de la prod. et un musicien qui s’efforce mécaniquement à me raconter ce que les dictionnaires m’ont déjà enseigné. J’arrive cependant à lui faire cracher des anecdotes amusantes sur João (Gilberto) ou Tom (Jobim).
Entretien un rien laborieux, mais l’homme est aimable et plein de bonne volonté.
L’après-midi, dans un hôtel de luxe avec une vue imprenable sur la baie de Copacabana, rencontre avec Anna Luisa, la chanteuse vue le 18/08 sur scène. Enjouée et spontannée, elle me parle frénétiquement de son second album à venir, plein de promesse semble-t-il. Elle est un vrai bonheur pour un interviewer, qui voit son travail peu contraignant tant elle est enthousiaste!

La pétillante Anna Luisa (photo Daniel A.)

Le soir –ce soir- Caetano Veloso et Roberto Carlos donne un concert au Théâtre Municipal. Un hommage à Jobim dans le cadre des 50 années de la Bossa. La rencontre est historique mais bien sûr, il me fut impossible d’obtenir un ticket. Sur 2.500 places, la moitié fut distribuée à des invités divers et variés. Une commémoration en cercle fermé. Drôle de féte peu démocratique...On attendra un éventuel dvd. D'après la critique, il fut bien question d'un concert historique (voir lien Notas musicais, en portugais, blog de Mauro Ferreira)
Ce non évènement -pour moi!- me donne l’occasion d’écrire ce résumé d’un matériel à exposer bientôt ici...où ailleurs. Je crois que ce week-end, je pousserai sur “pause”...Ah oui, la Belgique s’incline en demi finale de foot olympique face au Brésil. L’équipe des diablotins eut la courtoisie de ne pas laisser inconsolable un pays en mal de médailles...Nous, on est habitué.

samedi 16 août 2008

Não fará bom tempo amanhã...O Dorival Caymmi se foi.

In Memoriam: Dorival Caymmi (1914-2008)

C’est en regardant par acquis de conscience les dernières nouvelles vers 12h15 –heure de Rio- que je fus frappé d’apprendre le décès du compositeur bahianais Dorival Caymmi. Âgé de 94 ans, ce monument de la musique brésilienne represente à lui seul tout un pan du patrimoine de son pays. L’incarnation poétique de Bahia, comme l’était son ami Jorge Amado (1912-2001) ou le peintre Carybé (1911-1997). Il su mieux que quiconque dépeindre sa ville natale, Salvador de Bahia, ses personnages truculants, ses pêcheurs, Iémanja (reine de la mer) et autres saints du candomblé, ses plages –Itapuá, Maracangalha, le lac de Abaeté- et ses femmes qui avaient pour nom Dora, Marina, ou Rosa...“O Que é que a bahiana tem...”-Mais que possède donc la bahianaise?” (ou autrement dit, qu’a-t-elle que les autres n’ont pas?). C’est avec ce titre tiré du film “Banana da Terra”, chanté par Carmen Miranda (1909-1955) début des années 30 que Caymmi se fera le chantre de son peuple. En fait, si Dorival était un des symboles de Bahia, il n’en vivait pas moins à Rio depuis près de 70 ans. Atteint d’un cancert des reins depuis 1999, il ne sortait plus de chez lui et refusait depuis 2007 d’être interné à l’hôpital. Il vivait dans son appartement de Copacabana avec une assistance médicale et entouré par sa femme Stella (86 ans) et ses enfants, l’illustre chanteuse Nana Caymmi, et les compositeurs et musiciens, célèbres eux aussi, Dori et Danilo. Ma venue à Rio ce 14 aôut se devait de commencer avec un post ensoleillé, mais le destin ne m’aura pas donné le choix. La mort de Dorival m’est douloureuse. Cette figure attachante et profondément humaine ne pouvait que provoquer qu’affection et sympathie. J’écris ces quelques lignes non prévues en vitesse, et j’espère revenir plus tard sur ce personnage que j’ai découvert en même temps que son alter ego carioca (en quelque sorte), Vinicius de Moraes (1913-1980), il y a 20 ans. Du fond du coeur, cette nouvelle m’attriste, sans vouloir faire dans l’emotionnel dégoulinant, et je ne crains pas que le monde de la musique sera ingrate quant aux hommages qui se doivent de lui être rendus. Salve Dorival...Saravah!

Le jeune Dorival Caymmi, Carmen Miranda et Assis Valente.



...se fizer bom tempo...: "Maricotinha"- Dorival Caymmi & Chico Buarque.

samedi 9 août 2008

À la recherche de la nouvelle star…

Clara Nunes (1943-1983): le chant des sirènes

À chaque retour du Brésil, je peux généralement m’attendre, au détour d’une conversation, à la même interrogation: quoi de neuf musicalement au pays de Tom Jobim, et quelles nouvelles tendances ai-je pu entrevoir. Cette fois-ci, je me suis moi-même posé la question -avant de repartir dans quelques jours- en préparant la liste des artistes que je souhaitais rencontrer. Mais depuis la fin des années 90, mon temps de réflexion se fait de plus en plus long. Non pas qu’il y ait un manque de créativité, mais ce qui m’apparaît comme intéressant ressemble davantage à de petits îlots sans réelle cohésion. Depuis 2000, sont apparus d’excellents compositeurs, beaucoup d’excellents disques importants, et quelques bonnes chanteuses dont le talent, hélas, a du mal à passer le cap du premier ou du deuxième album. Dès lors la question que je me pose est la suivante : ai-je vécu des moments aussi excitants et découvert des révélations aussi palpitantes que dans la décennie précédente ? Un article paru dans le journal Globo à la date du fameux 08/08/08 constatait que tant au Brésil qu’internationalement, le public était depuis le début de ce millénaire, en mal de nouvelle star à aduler. Et de citer Elvis, les Beatles et les Stone, Jimmy Hendrix, Madonna, Prince, ou Michael Jackson. De fait, il fallait se rabattre sur Amy Winhouse pour trouver une artiste qui semblait faire l’unanimité sur son talent. Une ‘mania’ attisée par son look soul/punk et son autodestruction très ‘rock attitude’. Ce sont certes des comportements qui peuvent, à une certaine dose, construire une légende, sauf qu’ici, la chanteuse n’arrive pas à voir la fin de son mal-être ; et que ces faits navrants occulteront -si elle ne s’en sort pas- ce qu’elle aura apporter sur la scène musicale. Deux disques et beaucoup de ‘substances’ : c’est sans doute un peu léger pour figurer au panthéon des illustres noms citer plus haut. Tant qu’à parler de ‘rock attitude’, on préférait voir Pete Townsend (The Who) casser sa guitare sur scène, ou Jimmy Hendrix mettre le feu à la sienne. Du côté du Brésil, il est bien difficile de définir qui, ces dix dernières années, possède la carrure pour devenir une nouvelle gloire nationale digne de figurer dans cette galaxie tropicale où brillent des Joao Gilberto, Tom Jobim, Noel Rosa, Luis Gonzaga, Dorival Caymmi, Caetano Veloso, Chico Buarque, Gilberto Gil, ou Roberto Carlos, pour ne parler d’abord que des hommes. Bien sûr un Lenine, Zeca Baleiro, ou Chico César, ont une œuvre fondamentalement originale et très importante, mais leur musique -même si elle s’inspire de tradition très populaire et régionale –n’en paraît pas moins hermétique pour la plupart. Ce sont des artistes sans concession musicalement et, pour un large public, parfois trop riches en références de cultures ancestrales ou étrangères. Bref parfois trop intellectuel. Leur œuvre n’est pas faite pour concilier le plus grand nombre, et ces excellents artistes ne sont dès lors pas des machines commerciales. Finalement les vraies icônes ou stars nées des années 80 et 90, sont celles qui ont vu leurs destins se briser : Cazuza, Renato Russo et Cassia Eller, trois héros de la génération rock, qui ont brûlé leur vie tel un Jim Morisson ou une Janis Joplin. Mais alors ‘quid ?’ d’une Ivete Sangalo ou d’une Ana Carolina qui pulvérisent les records de ventes depuis plusieurs années ?

Ivete Sangalo: une présence scénique indiscutable
pour un répertoire qui l'est beaucoup moins...

Si Ivete est une show-woman sans égale qui possède une voix puissante et séduisante, sa musique bahianaise dansante est loin d’atteindre des sommets de qualité. Je mets ici en cause les compositions et non le style en lui-même. Autre rare artiste qui peut se permettre de vivre de ses albums, Ana Carolina, représente un cas un peu différent. Après trois très bons disques de MPB/ Pop, où elle a pu démontrer un vrai talent de compositeur et d’interprète qui l’ont propulsée au-devant de la scène, elle s’endort sur ses lauriers et – repue- devient comme Ivete Sangalo une chanteuse à formule. Et pire encore, elle essaye compenser son manque de créativité par une attitude et des textes soi-disant subversifs, frisant une vulgarité aussi pâle qu’inutile. Madonna -à qui elle fait référence- avait déjà joué cette carte bien avant, et de manière plus convainquante. Ce qui me fâche, c’est que j’aime vraiment ces chanteuses, qu’elles ont du talent, qu’elles m’ont fait vibrer il y a quelques années, mais qu’elles gâchent -comme Vanessa da Mata- un vrai potentiel, pour répondre à une forte attente commerciale. Sans doute devront-elles faire payer le prix de perdre une partie de leur public pour pouvoir développer leur talent et aborder d’autres chemins comme su si bien le faire Daniela Mercury. J’avais d’abord voulu intituler ce post « la MPB à succès prend du poids… », mais, un peu lâche, je ne voulais me fâcher avec personne ! Dès lors, pour parler de grandes divas, et revenir à l’article du Globo, quelle chanteuse, à l’entame de ce siècle, peut encore espérer avoir l’aura, et le charisme d’une Carmen Miranda, Maria Bethania, Gal Costa, Clara Nunes ou Elis Régina ? Si l’apparition de chanteuses -en nombre presque absurde- est une des particularités de la scène brésilienne de ces dernières années, peut-on y déceler une jeune pousse qui alliera talent et succès populaire ? Si de ce côté-là, ce n’est pas l’optimisme qui prévaut, ayons un peu de patience pour voir si les plus prometteuses d’entre elles arriveront à passer le cap des deux premiers albums. N’oublions pas qu’il aura fallu au moins 3 ou 4 disques pour que Elis, Bethania ou Clara Nunes se fassent un nom, et le double pour qu’elles atteignent une vraie reconnaissance nationale.

Marisa Monte: la dernière grande diva?

À tout bien considérer, la dernière grande diva, issue des années 90, reste incontestablement Marisa Monte : forte personnalité, grâce et charisme sur scène, voix d’un timbre exceptionnel et d’une technique irréprochable, le tout pouvant se fondre dans n’importe quel style musical : pop, rock, samba, ou chorinho ; elle –oui !- allie talent et succès populaire. Sans oublier son sens inné de la composition que n’avaient pas les illustres chanteuses précitées. Marisa est une interprète mais aussi une musicienne. Quant à ces dernières années, beaucoup évoquent Roberta Sa, dont on parlera prochainement, mais il me paraît plus opportun d’évoquer ici Maria Rita, sans doute la seule de ces 5 dernières années à pouvoir prétendre à un statut prometteur. Elle n’aura probablement jamais le charisme de Bethania ou de Clara Nunes, mais elle possède cette classe et surtout une maîtrise de sa carrière qui font penser que le meilleur est encore à venir. Avoir pu gérer et contrôler le lourd fardeau laissé en héritage par sa mère Elis Regina –considérée par beaucoup comme la meilleure chanteuse de tous les temps au Brésil-- montre sa détermination à vouloir construire une belle carrière d’interprète. Je sais que tout ceci ne répond pas aux nouvelles tendances posées dans la question initiale de ce post, mais cette introduction tend à prouver que s’il n’y a plus de grands feux de joie autour desquels tout le public se rassemble, la scène brésilienne actuelle est faite de petites lumières naissantes dont le halo reste cependant très attractif. J’aimerais voir cela de plus près dès le prochain message…


Clara Nunes: "O Mar serenou"

Marisa Monte: "A Sua"

samedi 2 août 2008

Encontros improváveis : Nelson Sargento, Johnny Alf, Tito Madi e Zézé Gonzaga.

Nelson Sargento andando pelas ruas de Copacabana (foto Daniel A.)

Existem os encontros marcados e programados, existem também os encontros inevitáveis, assim como os encontros fúteis ou fugazes. No entanto, os mais marcantes são provavemente aqueles que são fruto do acaso. E vocês sabem, como já dizia o “poetinha” Vinicius, do impacto que eles têm sobre nossas vidas.
Os nomes que vão constar deste “postinho” provavelmente não vão fazer explodir o número de acessos; mas fala de artistas de grande importância, porque de uma forma ou de outra participaram da modernização da música popular. O fato é que quando a gente se vê frente a eles, parece que surge da terra uma porção telúrica da cultura musical brasileira. Eles trazem estampadas em seus rostos, vincados pelas rugas, suas tantas histórias vividas.
Assim, é muito comun, andando pela zona sul do Rio de Janeiro, cruzar com artistas para os quais poucos se virariam para olhar; porém, às vezes, estão entre esses os mais importantes.
Lembrei-me, por causa de noticias que pude ler esses dias, de alguns desses encontros.
Há cinco anos, saindo da loja Modern Sound em Copacabana, eu vislumbrei no meio da multidão um senhor negro bem velhinho, baixinho e careca, e de barba branca. Ele parecia quase perdido, parado, e observava as pessoas que corriam daqui prá lá. Com medo de me enganar, me aproximei e perguntei com meu sotaque belgarioca : « O senhor não é o Nelson Sargento, da Mangueira ? ». Ele percebeu que de fato eu era estrageiro e respondeu : « Vocé é de onde ? Da Bélgica ? Será que as pessoas de lá me conhecem ? Dá para encontrar os meus discos lá fora?” Eu tive que responder que não, mas disse que tocava seus sambas no meu programa de rádio … e outras banalidades; pois me sentia talvez mais intimidado ali do que se estivesse frente a qualquer Caetano ou Chico Buarque. « Ô bicho, não dá para conversar agora não », disse ainda ele, e concluiu : «Vamos fazer uma entrevista para o seu povo lá, mas primeiro consulte o meu site que é muito bem feito, e depois a gente combina de se encontrar lá na Mangueira ! ». Eu estava quase no fim daquela viagem, e infelizmente o tempo me faltou. Não pude ir. Guardo apenas essa foto, que consegui tirar rapidamente na calçada da Rua Barata Ribeiro, registro desse encontro fugaz com um ícone da “Divina Dama” verde e rosa. Fiquei entusiasmado ao ler que o Nelson vai ser agora, aos 84 anos, a atração principal do Canecão neste mês de agosto, com apresentação marcada para o próximo dia 6. Infelizmente, mais uma vez, só vou chegar no dia 15 deste mês…
Garimpando na minha memória, me lembrei de um outro encontro informal em 1990, no Vinicius Piano Bar de Ipanema, às duas da madrugada, com o grande músico Johnny Alf. Esse pianista e compositor de tantas pérolas como “ Rapaz de bem”, “Ilusão à toa” e “Eu e a brisa”, considerado um dos pioneiros da Bossa Nova, representava para mim, ali, um monumento vivo. Eu tinha acabo de ler o famoso « Chega de saudade » do Ruy Castro, um livro que me havia provocado a nostalgia de um tempo e de uma cidade que eu nem imaginava que fosse conhecer um dia. O Johnny Alf fica, sem dúvida, um dos pilares do “templo” da música brasileira. Eu também tinha acabado de comprar « Olhos negros », que o artista havia lançado, contendo regravações em duetos de suas grandes canções. Artistas como Chico Buarque, Gil, Caetano, Zizi Possi ou Gal Costa dividiram os vocais com o compositor nesse trabalho. Esse disco, na minha opinião, foi um dos grandes lançamentos daquele ano de 1990, provavelmente por ter me revelado esse melodista fantástico. Antes tarde do que nunca. E a gente ali, assim, simplesmente bateu um papo em frente a um whiskinho, num final de noite em Ipanema. Como lembrança, guardei uma toalha de papel com uma dedicatória, agora já esmaecida pelo tempo.
Fiquei feliz de saber que o Johnny, agora com 80, se recuperou bem de uma doença séria, e que está pronto para atacar um novo projeto discográfico.
Mais à frente, acerca de 2000, acho eu, fui de forma já mais proposital aos camarins do Bar do Tom, no Leblon, cumprimentar a Claudia Telles - filha de outra musa da Bossa, a Silvia Telles - e o Tito Madi, mais uma figura importante dos anos 50. Depois da foto de praxe nos camarins, pude conversar com o compositor de « Chove lá fora » e « Balança Zona Sul », que, por mais moderno que tenha sido, não participou do movimento da Bossa Nova. O que não o impediu, no entanto, de hospedar - e suportar – um certo João Gilberto, durante 6 meses ! Tito Madi foi pauta de um artigo recente no segundo caderno do Globo, bem como o Nelson Sargento e o Johnny Alf; e, como esse último, pretende lançar em breve um trabalho novo, com inéditas.
Tenho um monte de historinhas assim desse tipo como, provavelmente, muitos dentre vocês.

Dia 25 de março 2007: Zézé Gonzega no dia dos seus 81 anos
no Centro Cultural Carioca (foto Daniel A.)

Mas prefiro fechar com uma última que aconteceu durante a minha mais recente viagem ao Rio, em março desse ano, assistindo no Centro Cultural Carioca, no centro, ao show da jovem mineira Ângela Evans, com a cantora Aurea Martins e o “mago” Herminio Bello de Carvalho (vide post “Para não dizer que...”,de 27 de março). Eu me esgueirava como uma enguia por entre as mesas, a fim de registrar o evento para esse meu blog querido. Atropelando sem querer alguém no escuro, pedi desculpas a uma senhora idosa, vestida com classe, que me aconselhou ajoelhar, praticamente a seus pés, para me permitir um melhor ponto de vista do palco. Acontece que no fim do show, essa mesma dama foi absolutamente surpreendida pelos holofotes que se fixaram sobre ela, ao som de um « parabéns pra você »…Era a grande cantora de rádio Zézé Gonzaga, a quem os presentes homenageavam, festejando ali seus 81 anos de vida. Comovida, Zézé aplaudia a platéia e os músicos, e eu me encontrava então no melhor ângulo para fotografar esse momento de emoção, com flores e lágrimas mais do que merecidas. Bem, depois do show, ainda pude roubar uns minutos dessa lendária cantora dos anos 50, que me prometeu,quando da minha próxima viagem, uma tarde inteira em sua companhia, para me contar sobre a sua grande época de glória, assim como a da Rádio Nacional. Minha próxima viagem se aproxima agora, e fico triste por saber que a Zézé saiu de cena, uns dez dias atrás... sem cumprir sua promessa.
Na verdade, foi essa notícia triste que me inspirou a idéia do tema desse texto, sobre esses encontros improváveis…

CE BLOG EST DÉDIÉ AUX CURIEUX QUI AIMERAIENT CONNAÎTRE L'ART ET LA MUSIQUE POPULAIRE BRÉSILIENNE. UNE OCCASION POUR LES FRANCOPHONES DE DÉCOUVRIR UN MONDE INCONNU OU IL EST DE MISE DE LAISSER SES PRÉJUGES AU VESTIAIRE.